Étudiante de 3e année à l'Ifsi de Nancy, Karina Durand vient de succéder à Eve Guillaume à la présidence de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). Ancienne vice-présidente en charge des relations internationales, elle fait le point sur les chantiers de la formation.
Espaceinfirmier.com : Quelles seront vos priorités cette année ?
Karina Durand : Il y en a beaucoup ! Avec le comité de suivi de la réforme, nous participerons à des groupes de travail de septembre à décembre pour plancher sur les stages et la gouvernance des Ifsi. Nous nous intéresserons aussi de près à la cotutelle de notre formation par les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur.
Concernant l’insertion professionnelle, nous continuerons d’alerter les autorités publiques sur le problème du chômage des jeunes diplômés, apparu cette année. Nous nous pencherons sur les conditions de vie étudiante. Nous essaierons, notamment, d’obtenir la revalorisation des indemnités de stage. Il y a aussi la bataille au sujet des bourses régionales, qui n’ont pas été réévaluées depuis 2005…
En quoi va consister votre combat concernant la cotutelle ?
Pour l’instant, la formation infirmière n’est que sous la tutelle du ministère de la Santé, compétent sur notre cœur de métier. Or, pour nous, la partie pédagogique relève davantage du ministère de l'Enseignement supérieur. C’est pourquoi, depuis 2007, nous demandons une cotutelle de ces deux ministères. Cela nous permettra d’avoir une intégration universitaire complète, qui règlera de nombreux problèmes, que ce soit sur le plan pédagogique ou sur les conditions de vie étudiante.
Qu’en attendez-vous ?
Même si c’est écrit dans la loi (1), il faut nous assurer que ce changement soit transcrit sur le terrain; notre intégration universitaire en dépend. Les liens entre les Ifsi et les universités doivent être multipliés, pour qu'ils construisent la formation infirmière ensemble et non de façon parallèle, comme c'est le cas actuellement.
Qu’en est-il de la réforme LMD ?
Le bilan est mitigé. Nous sommes satisfaits de cette réforme, mais il reste de nombreux chantiers : la qualité des enseignements (l’anglais, par exemple), le partenariat entre les Ifsi et l’Université, les conditions de vie étudiante. De même, sur l’initiation à la recherche, les exigences minimales du travail de fin d’étude ne sont pas les mêmes d’un Ifsi à l’autre. Face à la mobilité étudiante, certains Ifsi sont devenus frileux.
Comment s’annonce l’harmonisation européenne de la formation en soins infirmiers ?
La mobilité professionnelle peut poser un problème, car la formation n’est pas la même partout. A travers la directive 2005-36, un énorme travail a été réalisé. Les Allemands ont fait un gros lobbying… Cela dit, nous avons réussi à introduire les compétences minimales requises, qui portent sur le rôle propre, l’éducation thérapeutique et l’autonomie. Cela permettra de cadrer cette mobilité professionnelle. Les négociations sont finies, mais il faut que cela passe en assemblée plénière au Parlement européen. La prochaine étape consistera à demander la révision de l’annexe 5 de la directive, pour protéger le métier d’infirmière et obtenir des exigences minimales dans l'Union européenne. Mais cela nécessitera encore deux ans…
Propos recueillis par Marjolaine Dihl
1- Article 3 de la loi d'orientation pour l'Enseignement supérieur et la Recherche, qui vient d'être adoptée.