Sages-femmes et usagers ont rédigé une pétition en faveur d’une amélioration de l’offre de soins périnatale.
L’intersyndicale des sages-femmes, associée au Collectif interassociatif autour de la naissance (Ciane), lance, à l’intention du grand public une pétition intitulée « Pour une naissance à visage humain ». Professionnels et usagers se retrouvent ainsi autour de trois objectifs : la préservation des maternités de proximité, l’ouverture de maisons de naissance, la restructuration des maternités de niveau 3 en unités plus petites, séparées sur le plan architectural d’espaces physiologiques disposant de personnels différents, qui n’auraient pas à gérer en même temps pathologie et physiologie.
Trois positions qui sont à contre-courant de la politique périnatale menée depuis une vingtaine d’années en France. « Et ce, malgré l’intitulé du Plan de périnatalité 2005/2007 : Humanité, proximité, sécurité, souligne Gilles Gaebel, représentant du Ciane. Mais on fait l’inverse en fermant les petites maternités et en regroupant la prise en charge des naissances dans de gros centres ultra-médicalisés. » Résultat : une absence d’alternatives pour les femmes enceintes et des conditions de travail tendues pour les sages-femmes : services surchargés, personnels submergés, prises en charge standardisées...
Vidéosurveillance
« L’offre de soin est actuellement de plus en plus restreinte, à tel point que les femmes doivent choisir entre un accouchement à domicile par défaut, avec un accompagnement parfois insuffisant, ou une naissance dans un milieu hospitalier hypertechnique, où les sages-femmes se débattent avec des conditions de travail de plus en plus difficiles, explique Elizabeth Tarraga de l’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF). Il faut repenser la prise en charge de la naissance et faire en sorte que les sages-femmes et les patients s’y retrouvent. »
Car l’objet est aussi de sensibiliser le grand public et les professionnels à la qualité du travail de la sage-femme. Aussi la pétition est-elle également sous-titrée : « La filière sage-femme : une femme, une sage-femme ». « L’accompagnement à la naissance nécessite un personnel qualifié, en nombre suffisant, écrivent les rédacteurs de la pétition. La vidéosurveillance (en référence aux réseaux qui équipent désormais la majorité des salles de naissance et permettent de visualiser les données d’un monitoring en continu, sur les écrans depuis le poste de travail des sages-femmes, ndlr) ne remplacera jamais la présence attentive et rassurante d’une sage-femme au côté d’un couple. » Or la profession ne se sent toujours pas reconnue au-delà de la gestion purement technique des actes qu’elle réalise. « La plus-value de la sage-femme, c’est aussi cette relation singulière qu’elle noue avec une femme, avec un couple », souligne Frédérique Teurnier, du Collègue national des sages-femmes (CNSF).
Le groupe de travail qui a rédigé la pétition réunit neuf organisations. Il a été créé en octobre dernier, afin de travailler sur la place de la sage-femme, mais aussi sur celle de la femme et du couple dans le système de soins et de périnatalité. A ce jour plus de 4.500 signatures ont été récoltées. La pétition est ouverte jusqu’au 5 mai prochain.
Texte: Sandra Mignot
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