Prématurité : ce que les parents attendent des soignantes | Espace Infirmier
 
Prématurité : ce que les parents attendent des soignantes

22/03/2013

Prématurité : ce que les parents attendent des soignantes

Une recherche infirmière menée dans trois centres de néonatologie souligne l'importance du rôle des puéricultrices dans la construction du lien entre parents et nouveau-nés prématurés.

Chaque année en France, 60 000 enfants naissent prématurément, c’est-à-dire avant le huitième mois de grossesse. Des circonstances difficiles qui fragilisent la construction du lien parents-nouveau-nés, fondamental pour le développement de l’enfant. Pour savoir comment les soignantes peuvent aider à la construction et à l’entretien de ce lien, la fondation PremUp, réseau de recherche et de soin en périnatalité, a mené, en 2010, une recherche infirmière dans trois de ses établissements : l’hôpital Robert-Debré, la maternité de Port-Royal (AP-HP) et le centre hospitalier intercommunal de Créteil (Val-de-Marne).

« L’objectif était de cerner les attentes des parents à l’égard des soignantes pour faciliter ce lien, et de voir si nos pratiques correspondent », expose Brigitte Benier, puéricultrice à Robert-Debré, lors de la présentation de l’étude à Paris, mi-mars (1). Les différents participants au projet ont rédigé un questionnaire à destination des parents. Au total, 60 pères et mères ont été interrogés séparément par une psychologue indépendante.
 
« Savoir-être »
 
Les réponses ont été presque identiques dans les trois différents services ; elles montrent que les parents d’enfants prématurés sont très dépendants des équipes. Ils attendent avant tout un « savoir-être » de la part des soignantes pour établir une relation de confiance et restaurer la sérénité indispensable à la mise en place du premier lien : écoute, empathie, dialogue, informations claires, accessibles, cohérence des discours donnés par les différents membres de l’équipe…

« Pour créer le lien, le contact physique avec l’enfant, le peau à peau, les bisous sont très importants », souligne Sonia Guillaume, également puéricultrice à l’hôpital Robert-Debré. Toute situation nouvelle ou imprévue  - par exemple, un changement de chambre de l’enfant - doit être expliquée pour ne pas générer de nouvelles angoisses, car celles-ci sont préjudiciables à la qualité du lien avec l’enfant. Autre enseignement tiré de cette recherche : l’allaitement est mieux vécu si une personne référente est présente dans le service.
 
Ne pas exclure le père
 
Par ailleurs, « certains pères ont noté que parfois, les soignantes s’adressent uniquement à la mère ; ils peuvent alors se sentir exclus, relève Brigitte Benier. Nous devons, donc, faire preuve de vigilance dans ces moments-là pour bien intégrer le père. » Les parents regrettent le temps parfois long avant de pouvoir voir l’enfant après l’accouchement, qui peut aller de 24 à 72 heures. « Ils demandent aussi à ce que les visites soient possibles 24 heures sur 24, ce qui est maintenant le cas dans les trois hôpitaux concernés », ajoute la puéricultrice.
 
À la suite de cette recherche, des affiches ont été réalisées par des illustrateurs pour sensibiliser les parents à l’importance de tisser ce lien avec leur nouveau-né prématuré, et les soignantes à la nécessité de « cocooner » parents et enfant. Elles sont à la disposition des établissements membres du réseau PremUp, situés en région parisienne. « Aujourd’hui, sur le terrain, nous diffusons les résultats de cette recherche auprès de nos collègues, en petits groupes. Et plusieurs Ifsi ont demandé à recevoir les affiches », conclut Sonia Guillaume.

Texte et photo: Nathalie Da Cruz
 

 

1- Les résultats de cette étude qualitative ont été publiés début février dans la revue BMC Pediatrics.

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