La mairie de Saint-Étienne lui ayant prêté le salon d’honneur du « chaudron », c’est au sein du stade mythique des Verts que l’ordre infirmier a tenu sa première réunion nationale, vendredi dernier.
Julien Vassal, président du conseil départemental de l'ordre infirmier de la Loire, s’est estimé satisfait du taux de participation, avec 46 départements représentés.
Ce chiffre fait cependant plonger d’emblée au cœur de l’une des interrogations entourant la naissance de cette institution. Actuellement, c’est en effet bénévolement, en payant eux-mêmes leurs frais de déplacement, que se rencontrent les nouveaux élus. Si certains d’entre eux semblaient trouver « normale » cette situation, d’autres jugeaient que « l’ordre devra se donner les moyens de son fonctionnement ».
30 euros de cotisation?
Le calcul d’un budget, et donc du montant de la cotisation obligatoire que devront acquitter tous les infirmiers, reviendra aux membres du futur Conseil national. Vendredi, dans l’espoir de remporter le soutien de la profession, de nombreux conseillers plaidaient pour un faible montant (autour de 30 €) ou « pour une cotisation la plus juste possible », comme s’y engageait Brigitte Lecointre (Alpes-Maritimes). L’exercice sera délicat car, comme le soulignait Thierry Amouroux (Paris), « certains syndicats attendent cet appel à cotisation pour se remobiliser contre nous ».
Par ailleurs, divers élus ont souhaité que ce nouveau pouvoir soit sous-tendu par « une dynamique montante, des départements ou régions vers le national, et non l’inverse ». Mais il se dégageait aussi le besoin « d’avoir des chefs, capables de représenter nationalement les infirmiers ».
Bagarre pour la licence générale
Á cet égard, la reprise du dialogue avec le ministère de la Santé n’interviendra vraisemblablement qu’après l’élection, le 25 novembre, des élus du Conseil national, seuls jugés légitimes pour une prise de décision. Il leur incombera de rester vigilants quant au destin parlementaire de la loi "Hôpital, patients, santé, territoires", sans oublier les décrets d’application qui en découleront. L’un des enjeux identifiés de l’ordre est de parvenir à devenir un lobby influent auprès du monde politique. Plusieurs conseillers ont d’ailleurs déjà rencontré des députés…
Enfin, concernant le dispositif LMD, de nombreux participants semblaient favorables à « l’engagement d’une bagarre pour l’obtention d’une licence universitaire tout court, non pas professionnelle ». Autre défi de taille mentionné par les élus ordinaux lors des débats : obtenir un plus large soutien de leurs pairs (via la création d’un site Internet national, des visites d’établissements, ou encore une présence au Salon infirmier de Paris…). Avec pour objectif de « dédramatiser la peur que l’ordre suscite ».
« Sa richesse, c’est de nous fédérer, souligne Marie-Françoise Gomez, vice-présidente de la Loire. Aujourd’hui étaient présents le public, le privé, des libéraux… ». Et l’infirmière Céline Barrier d’exhorter : « Ne soyons pas que de petites mains ! D’autres corps de métier se sont tellement exprimés en notre nom… Il est grand temps que l’infirmier parle au nom de l’infirmier. L’ordre n’est pas un carcan : c’est une ouverture d’esprit, un immense espoir ».
Chantal Béraud