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09/03/2023

Près d’un Français sur deux en situation d’obésité ou de surpoids

Véritable problème de santé publique mondial dont l’incidence ne cesse d’augmenter, l’obésité touche en France de plus en plus de personnes âgées de 18 à 34 ans. Un phénomène inquiétant qui nécessite d’amplifier la prévention et l’accompagnement de cette maladie.

Selon la dernière étude (1) menée par la Ligue contre l’obésité en 2020, coordonnée par Annick Fontbonne, épidémiologiste et chercheuse à l’Inserm, et David Nocca, chef de l’unité de chirurgie bariatrique et métabolique au CHU de Montpellier, et qui vient d’être publiée en février dans la revue Journal of Clinical Medecine (2), l’analyse des résultats dévoile des éléments très préoccupants. Elle montre que la prévalence de l’excès de poids (incluant le surpoids et l’obésité) est de 47,3 %, dont 17 % de personnes sont en situation d’obésité. Rappelons que chez l’adulte, il y a surpoids quand l’indice de masse corporelle (IMC) est égal ou supérieur à 25, et obésité quand l’IMC est égal ou supérieur à 30. Depuis 1997, la prévalence du surpoids fluctue toujours autour de 30 % alors que la prévalence de l’obésité ne cesse d’augmenter à un rythme rapide. Elle est ainsi passée de 8,5 % en 1997 à 15 % en 2012 et 17 % en 2020. L’augmentation est encore plus marquée dans les groupes d’âge les plus jeunes et pour l’obésité morbide, dont la prévalence a été multipliée par près de sept sur la même période.

Un signal inquiétant chez les plus jeunes

L’excès de poids touche 57,3 % des 65 ans et plus, contre 23,2 % des 18-24 ans. « Cela ne doit pas masquer le fait que nous assistons à une croissance forte de l’obésité dans les classes d’âge les plus jeunes, souligne Annick Fontbonne, épidémiologiste et chercheuse à l’Inserm. Pour les 18-24 ans, elle a été multipliée par 4 depuis 1997, et pour les 25-34 ans, elle a été multipliée par 3 sur la même période. Il faut que toute la société agisse et ne laisse pas les obèses face à eux-mêmes. L’épidémie d’obésité qui est arrivée dans les années 80 n’a fait que croître avec l’arrivée de la nourriture industrielle. Les gens ne sont pas addicts à la malbouffe mais ils sont incités à l’acheter car elle est moins chère. Le Nutri-Score a fait du bien mais il ne suffit pas. Parfois, les personnes mangent pour être rassasiées mais elles ne sont pas suffisamment informées. » Si le régime méditerranéen a montré toutes ses vertus, il n’est pas facilement applicable dans le Nord de la France. D’ailleurs, de fortes disparités régionales existent sur le territoire. L’obésité touche plus de 20 % des personnes interrogées dans les Hauts-de-France (22,1 %) et le Grand Est (20,2 %) et moins de 14,5 % en Île-de-France (14,2 %) et dans les Pays de la Loire (14,4 %).

Prévenir et accompagner

« Le meilleur traitement de l’obésité, c’est la prévention, souligne David Nocca, médecin au CHU de Montpellier et co-fondateur de la Ligue contre l’obésité. Il faut vraiment comprendre que l’obésité est un problème très grave avec de fortes incidences en termes de santé notamment de risques de maladies cardio-vasculaires, de diabète et de cancers sans oublier bien sûr les conséquences psychologiques et sociales. L’obésité doit avoir le même traitement que le cancer. C’est une maladie chronique dont on peut mourir qui nécessite une prise en charge globale avec une équipe pluridisciplinaire. » Si intervenir sur le mode de vie de la personne constitue un premier pilier de prise en charge, cela est rarement suffisant pour obtenir une perte de poids significative et la maintenir à long terme. D’un côté, la chirurgie bariatrique qui existe depuis 25 ans a montré qu’il fallait travailler avec des équipes pluriprofessionnelles et de l’autre, une nouvelle génération de médicaments peut être envisagée notamment pour les obésités gériatriques rares et sévères qui débutent dans l’enfance. « Les patients doivent comprendre que prendre un médicament ne va pas les empêcher de changer de mode de vie, rappelle David Nocca. Par exemple, l’activité physique adaptée (APA) doit être vécue de manière ludique et non comme un traitement. Elle doit aussi permettre aux gens de sortir de chez eux et d’avoir un lien social. » La prise en charge doit être globale, avec en ligne de mire, une amélioration de la qualité de vie du patient et de son entourage. 

(1) Etude : elle s’appuie sur des questionnaires collectés par l’institut de sondage Odoxa sur un échantillon de 9 598 personnes résidant en France métropolitaine, âgées de 18 ans ou plus, constitué par la méthode des quotas. 

(2) https://www.mdpi.com/2077-0383/12/3/925

d'après une enquête Inserm du 27 février 2023

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