Présidentielle 2012. Un « socle » pour bâtir un autre système de santé

29/11/2011

Présidentielle 2012. Un « socle » pour bâtir un autre système de santé

A quelques mois de l’élection présidentielle, 44 associations, syndicats ou mouvements politiques ont déjà signé le texte du collectif national Notre santé en danger.

Le refus des dépassements d’honoraires et du déremboursement de médicaments, l’augmentation du nombre de professionnels de santé et leur meilleure répartition géographique, « une évolution vers la suppression de tous les "restes à charge" », la fin de la tarification à l’activité pour financer les établissements de santé, l’abrogation de la loi HPST, « l’arrêt immédiat de toutes les fermetures et restructurations ». Voici, avec la défense du service public, quelques-unes des principales ambitions du « socle commun » dévoilé le 24 novembre dernier à Paris par le collectif informel Notre santé en danger (NSED).
A ce jour, cette profession de foi - aux propositions plus ou moins concrètes - a été signée par 44 organisations : des associations, des syndicats et des groupes politiques classés à gauche, à l’exception notable du Parti socialiste. Françoise Nay, membre du collectif, parle à ce propos « de divergences sur des réponses à apporter » à la situation. Le PS faisait pourtant partie des quelque 200 signataires de la première grande action du tout jeune collectif : un appel à manifester pour l’accès aux soins pour tous, lancé le 2 avril dernier. Organisée en une poignée de semaines, cette mobilisation nationale avait satisfait ses organisateurs. Qui ont donc décidé de poursuivre leur action par la rédaction de ce « socle commun ».
 
« D’autres choix sont possibles »
Comptent-ils, à l’aide de ce texte, interpeller les candidats à la présidentielle ? « Nous n’avons pas encore pris de décision », répond Françoise Nay. A la différence de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité : cette organisation, membre de NSED, a déjà choisi d’interpeller les candidats à la présidentielle et législatives.
Mais ce combat « a commencé avant et continuera après l’élection présidentielle. Le socle commun est notre revendication, quelle que soit la majorité qui sera élue », précise Jean-Claude Chailley, de la Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics. « On nous dit qu’il n’y a pas d’argent pour les hôpitaux, les maternités, les structures de santé… car il faut rembourser la dette. C’est un double langage inacceptable », s’insurge-t-il, fulminant contre les exonérations de cotisations, accordées ou envisagées, pour les entreprises. Pour le collectif NSED, « d’autres choix sont possibles, et ce sont des choix politiques », résume Fabienne Binot, de Sud Santé sociaux.
 
Des professionnels « la tête dans le guidon »
Le collectif se félicite déjà de « victoires » au niveau local, quand un service est sauvé, et au niveau national, quand le gouvernement renonce à une mesure comme le quatrième jour de carence en cas d’arrêt maladie dans le privé. Mais il est difficile de mobiliser professionnels et usagers, comme le montre le nombre relativement limité de manifestants le 2 avril dernier – à peine 5 000 à Paris.
« Le débat sur la santé a longtemps été confisqué, laissé à des experts, explique Françoise Nay. Aujourd’hui encore, on donne plus facilement la parole à des médecins qu’à des usagers. Par ailleurs, les attaques contre l’hôpital se sont faites petit bout par petit bout, de façon insidieuse. On a créé une pénurie de professionnels, on affaiblit l’hôpital, et ensuite plus rien ne tient. Cela pèse lourdement sur les professionnels de santé. » Et cette médecin gériatre de témoigner : « Je travaille dans un hôpital menacé. Alors, si on leur propose un poste ailleurs, certains soignants s’en vont. Ils ont en permanence, la tête dans le guidon. On modifie leurs horaires, leurs façons de travailler, avec une précarisation statutaire. » Et ce contexte ne facilite pas la « convergence des luttes » sur les questions de santé.
« La difficulté majeure, c’est que la question de la santé a, depuis trente ans, cessé d’être un problème collectif, ajoute Jean-Pierre Martin, de l’Union syndicale de la psychiatrie. Or elle n’est pas seulement d’ordre privé. Par exemple, sur les franchises, les personnes se sentent touchées personnellement, mais ne les voient pas comme un problème collectif. Notre tâche consiste à faire apparaître cette dimension collective. »
 
Mathieu Hautemulle
 
Une conférence le 7 décembre
Le mercredi 7 décembre, à 19 heures, à la mairie des Lilas, le collectif Notre santé en danger organise un débat sur les politique de santé avec André Grimaldi (Mouvement de défense de l’hôpital public), Christophe Prudhomme (CGT), Fabienne Binot (Sud santé sociaux), Christophe Rauch (économiste) et une responsable du Syndicat de la médecine générale. D’autres initiatives en faveur du système de santé sont également prévues en régions. Plus d’informations, entre autres, sur www.coordination-nationale.org

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