La Fédération hospitalière de France propose dix actions à mettre en œuvre d'urgence pour améliorer le service public de santé. Parmi ces axes prioritaires : accélérer la délégation de tâches aux personnels paramédicaux.
« Et vous, Monsieur ou Madame le prochain ministre de la Santé, que ferez-vous ? » A quelques jours du second tour de l'élection présidentielle, la Fédération hospitalière de France (FHF) continue d'interpeller les candidats et leurs équipes de campagne sur l'avenir du service public de santé. Jeudi 26 avril, à Lyon, la fédération a organisé une conférence de presse, en marge de son colloque avec l'Union des régions hospitalières du Sud-Est (URHSE), pour présenter dix actions prioritaires* à engager rapidement « pour créer un lien de confiance avec les hospitaliers ». « Nous allons adresser lundi aux deux candidats les actions qui sont, pour nous, l'urgence d'un futur ministre de la Santé », a annoncé Frédéric Valletoux, président de la FHF et par ailleurs maire UMP de Fontainebleau et conseiller régional d'Île-de-France.
La fédération emboîte ainsi le pas à la Coordination médicale hospitalière (CMH) qui, dans un courrier daté du 23 avril, a interpellé François Hollande et Nicolas Sarkozy sur la « grave crise » dans laquelle se trouve l'hôpital public.
L'une de ces actions intéresse tout particulièrement les infirmières : « Accélérer les coopérations entre les professionnels de santé en permettant aux personnels paramédicaux d'effectuer des actes et consultations jusqu'alors réservés aux médecins. » La FHF voudrait en effet que les protocoles de coopération validés par la Haute autorité de santé (HAS) se généralisent afin que les organisations gagnent en souplesse. « Il est temps de faire réaliser par les paramédicaux les tâches qui vont les valoriser, sans pour autant déclencher une guerre entre les professionnels; ce n'est pas l'objectif », a commenté Gérard Vincent, délégué général de la FHF.
« Une bouffée d'oxygène pour notre métier »
« C'est vraiment une bouffée d'oxygène pour notre métier, dans la mesure où l'on est encore très contraint dans notre exercice quotidien », s'est réjouie Dominique Frering, directrice de soins à l'hôpital Edouard-Herriot à Lyon, à l'issue de la conférence, où elle était invitée à s'exprimer sur le thème « enrichir les métiers pour renforcer leur attractivité ». Dominique Frering s'est justement attardée sur l'exemple de collaboration menée au centre hospitalier de Montélimar, dans la Drôme. Une consultation infirmière a été ouverte pour le suivi des malades atteints d'hépatite C chronique. Après une première consultation avec le médecin hépatologue, le patient est reçu par une infirmière, qui l'informe sur sa maladie mais peut aussi réadapter les posologies du traitement.
Une autre des propositions de la FHF met l'accent sur l'accès aux soins pour tous, à travers le développement des maisons médicales, « au besoin avec l'appui des hôpitaux publics », et un encadrement strict des dépassements d'honoraires. Quant à savoir si la FHF place ses espoirs dans un candidat plutôt qu'un autre... « Il y a des choses intéressantes chez les deux, a esquivé Frédéric Valletoux. On a l'espoir de la compréhension du milieu hospitalier, quel que soit le résultat des urnes. »
Sandra Jégu
*Les dix priorités: garantir l'accès aux soins, décliner dans chaque région un plan national des priorités de santé publique, étendre les droits des patients, accélérer les coopérations entre les professionnels de santé, rénover le dialogue social dans les établissements, donner un nouvel élan au modèle des CHU, réformer le système de financement de l'hôpital public, renforcer les missions et l'autonomie de l'Agence nationale d'appui à la performance, mettre en oeuvre une réforme de la perte d'autonomie et créer une mission parlementaire d'évaluation du fonctionnement des ARS.