Le 7 juillet, la HAS a présenté un rapport sur la dangerosité psychiatrique : « Repérer pour prévenir les actes de violence. »
Au lendemain de la promulgation de la très controversée loi portant réforme des soins psychiatriques sans consentement, la Haute Autorité de santé (HAS) a présenté, le 7 juillet, un rapport d’orientation sur la dangerosité psychiatrique. Les recommandations et outils pratiques proposés au travers de ce document visent à mieux repérer et ainsi prévenir la violence des personnes atteintes de trouble mentaux. Pour Claude Finkelstein, présidente de la Fédération nationale des associations d'usagers en psychiatrie (Fnapsy) et membre de la commission d’audition, « la HAS a voulu prendre le temps de faire un rapport réfléchi, intelligent. Il rattrape aujourd’hui un peu les dispositions de la nouvelle loi que je juge catastrophique », a-t-elle jugé.
Etat des lieux
« La volonté de la HAS est d’être un lieu d’apaisement, de médiation, de dialogue entre la société civile et les professionnels de santé », a rappelé le Dr Grouchka, membre du collège de la HAS. « Un espace regroupant des scientifiques indépendants, hors des débats politiques et des polémiques. » Et d’ajouter que la loi et le rapport ne traitent de toute façon pas tout à fait des mêmes thèmes.
Quoiqu’il en soit, « c’est la première fois qu’un tel état des lieux est réalisé dans ce domaine », s’est félicité Cédric Grouchka. Le Dr Rossinelli, président du comité d’organisation, a pour sa part rappelé que si la dangerosité psychiatrique reste minoritaire, elle existe. On doit donc s’attacher à la prévenir, d’autant qu’un pour cent de la population souffrirait de troubles schizophréniques.
Alliance thérapeutique, rempart contre la dangerosité
« L’atténuation du risque passe par la qualité des soins » : pour le Dr Halimi, membre de la commission d’audition, l’alliance thérapeutique entre le professionnel et son patient est capitale. « Elle permet de mieux détecter la dangerosité potentielle du malade et les signes avant-coureurs de son éventuel passage à l’acte. » Pour Claude Finkelstein, la vigilance du professionnel est primordiale. « Lorsqu’un malade schizophrénique est dans une idée de persécution avec dénonciation du persécuteur, on sait que ce dernier est menacé », a expliqué le Pr Senon, président de la commission d’audition. « L’infirmière doit être à l’écoute de son patient, les proches aussi. »
Second point important : la continuité des soins. « Vingt semaines après la sortie de l’hôpital, les risques de passage à l’acte sont quatre fois moins élevés si la personne est suivie tous les mois », a relevé le Pr Senon, qui prône par ailleurs un « retour vers la clinique ». L’élargissement du cadre de la psychiatrie vers d’autres domaines de santé mentale et l’existence de médicaments jugés efficaces ont conduit selon lui la psychiatrie à s’éloigner un peu des troubles schizophréniques et des troubles de l’humeur.
Pourtant, les traitements présentent des problèmes, tout comme leur acceptation. L’infirmière qui accompagne le malade doit être une aide sur ce point. C’est la qualité de la prise en charge qui peut permettre au patient d’accepter le drame auquel il est confronté, et de suivre correctement son traitement, réduisant ainsi le risque de passage à l’acte.
Texte et photo : Annabelle Alix