Prise en charge de la douleur : un protocole de coopération médecin/infirmier en cours de validation | Espace Infirmier
 
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13/06/2024

Prise en charge de la douleur : un protocole de coopération médecin/infirmier en cours de validation

La Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) a organisé le 6 juin une conférence de presse afin de présenter l’accompagnement proposé pour mieux soigner les patients douloureux en France. L’occasion d’évoquer un futur protocole de coopération médecin/infirmier en cours de validation.

Environ 30 % des Français sont concernés par une douleur chronique, qui s’exprime plusieurs fois par semaine et impacte leur qualité de vie. « Des progrès ont été réalisés dans leur prise en charge, mais il en reste encore à faire », a reconnu le Pr Eric Serra, vice-président de la SFETD, psychiatre et médecin de la douleur au Centre d’évaluation et de traitement de la douleur (CETD) au CHU d’Amiens. Le rôle de la SFETD est d’insister sur la nécessité pour tous les soignants, de combattre la douleur qui, pour certains patients, devient une maladie chronique. » Les pistes et les projets sont nombreux : la recherche, le développement de la formation, la création des plateformes interventionnelles régionales en douleurs pour les patients souffrant de douleurs réfractaires avec le recours à l’analgésie intrathécale, les consultations spécialisées en pédiatrie, la sensibilisation des professionnels de santé et du grand public ou encore la mise en place d’un protocole de coopération médecin/infirmier.

Un protocole de coopération « douleur »

La Commission professionnelle infirmière (CPI) de la SFETD travaille depuis plusieurs années à la reconnaissance en pratique avancée des activités et compétences des infirmières ressources douleurs (IRD). « Nous avons élaboré différents référentiels afin de lister et d’homogénéiser les activités effectives des IRD en France », a fait savoir Karine Constans, responsable de la CPI et infirmière référente douleur au CETD du Centre hospitalier de Beauvais. Le référentiel d’activités de consultation clinique infirmière date de 2016, et celui sur les activités et compétences de l’IRD de 2020. En 2021, le CPI a également rédigé l’argumentaire « appliquer la reconnaissance d’une pratique avancée à l’exercice de l’infirmière ressource douleur au sein des Structures douleurs chroniques (SDC) », qui a été remis à la représentante de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), Anne Vitoux. « Elle a alors annoncé la création d’une mention et d’un référentiel qui conduirait à disposer des premières IPA dans le domaine de la douleur en 2025 ou 2026 », a précisé Karine Constans. En attendant, la DGOS a proposé en avril 2022, à la SFETD de participer à l’élaboration d’un protocole de coopération national [prévu par l’article 51 de la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) de 2009, et l’article 66 de la loi relative à l'organisation et à la transformation du système de santé de 2019, NDLR], permettant des délégations de compétences entre les médecins et les infirmières. Pendant l’année 2023, cinq équipes sélectionnées par le Comité national des coopérations interprofessionnelles (CNCI), dont la SFETD, ont ainsi travaillé avec la DGOS à la rédaction de ce protocole « pour la prise en charge des patients présentant une douleur chronique par des infirmiers experts douleur en coopération avec le médecin dans les SDC labellisées ».

Les avantages

Ce protocole de coopération présente de nombreux avantages. Pour les IRD formées, il leur permettra la consolidation et la valorisation de leur expertise professionnelle, le développement de nouvelles compétences et le renforcement de leur rôle au sein de l’organisation de soins. « Le protocole apporte aussi la reconnaissance et la sécurisation d’une pratique déjà existante dans certaines SDC », a insisté Karine Constans. Les IDE impliquées percevront une valorisation financière avec la prime « coopération » de 100 euros brut/mois.

Côté médecin, le protocole va leur libérer du temps médical au profit de l’évaluation et la mise en place de traitement pour de nouveaux patients et pour assurer les suivis complexes.

Enfin, il permettra d’optimiser le parcours du patient en diminuant le délai de prise en charge, en offrant un suivi plus régulier, en sécurisant les prises en soins, en améliorant l’accès aux SDC avec l’augmentation du nombre de patients vus pour la première fois par le médecin grâce à des délais plus courts. 

« Douze dérogations ont été proposées dans un cadre sécurisé c’est-à-dire avec la disponibilité permanente du délégant, des arbres décisionnels pour chaque dérogation ou encore des critères de réorientation », a fait savoir Karine Constans. Parmi elles : la prescription pour la location et l’achat de neurostimulation électrique transcutanée (TENS), la prescription de patchs de capsaïcine et des bons de transports ou encore le remplissage de la fiche urgence du projet individualisé en milieu scolaire. 

Ce projet de protocole est en cours de validation auprès de la Haute Autorité de santé (HAS) et des Conseils nationaux professionnels (CNP).

Laure Martin

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