Un manifeste adressé par le Collectif des 39 aux différents candidats à la présidentielle les invite à prendre position sur une psychiatrie de plus en plus guidée par « l’idéologie sécuritaire », selon le collectif.
Samedi 17 mars, à Montreuil, près d’un millier de personnes ont répondu à l’appel du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire. L’occasion, pour ce collectif de soignants créé fin 2008 pour dénoncer « l’idéologie sécuritaire » de certaines lois, d’interpeller les candidats à la présidentielle sur les problématiques rencontrées par le milieu psychiatrique. « Nous avons adressé un manifeste à tous les candidats, sauf une, que je ne nommerai pas», précise Yves Gigou, cadre supérieur de santé à la retraite et membre du Collectif.
Ce manifeste rappelle en préambule que « la folie n’est concevable qu’irréductiblement liée à la condition humaine ». Il exige l’abrogation de plusieurs lois, comme la loi du 5 juillet 2011 réformant l’hospitalisation sans consentement des patients en psychiatrie, ou la loi HPST, et demande l’arrêt de toutes les procédures d’accréditation et de certification et des « bonnes pratiques » imposées par la Haute autorité de santé (HAS). « L’objectif d’une mise en normes des pratiques, protocolisées et homogènes, est anti-thérapeutique, destructeur des soins et constitue un obstacle majeur à des soins psychiques de qualité », dénonce le manifeste. Le collectif milite également pour un renforcement substantiel des moyens de la psychiatrie publique.
« L'humain d'abord »
Des représentants du Parti socialiste (PS), d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), du Front de Gauche et du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) avaient répondu à l’invitation du Collectif. Tous s’accordent sur un point : l’abrogation de la loi du 5 juillet 2011. Razzi Hammadi, secrétaire national du PS chargé des services publics, a précisé la position de François Hollande sur les autres demandes du Collectif : pas d’abrogation de la loi HPST mais un arrêt de la logique de privatisation et de convergence public-privé ; une opposition à la T2A en psychiatrie et une vigilance sur les collusions entre industrie pharmaceutique et HAS. Sénatrice EELV, Aline Archambaud a plaidé pour un moratoire sur la T2A, pour la suppression de la notion d’hôpital-entreprise et pour l’augmentation des moyens pour l’hôpital public.
Les représentants du Front de Gauche et du NPA ont, quant à eux, souligné qu’ils partageaient pleinement les revendications du Collectif des 39. « Il faut en finir avec les ARS et la HAS, il n’est pas non plus question de s’accommoder de la loi HPST. La logique doit être complètement inversée, nous sommes pour l’humain d’abord », s’est enflammé Jean-Luc Gibelin, ancien infirmier de secteur psychiatrique, aujourd’hui en charge des questions de santé pour le Front de Gauche. Le parti de Jean-Luc Mélenchon vient d’ailleurs de lancer sur son site internet un appel à signatures pour « une psychiatrie accueillante et non sécuritaire ».
Plusieurs maires ont également adressé un message de soutien au Collectif des 39, comme Adeline Hazan, maire (PS) de Reims, ou encore Dominique Voynet, maire (EELV) de Montreuil.
Joëlle Maraschin