La commission Couty*, qui a remis le 29 janvier son rapport intitulé « Missions et organisation de la santé mentale et de la psychiatrie », recommande la création d’un diplôme d’infirmier spécialisé en psychiatrie. Le rapport de 85 pages aborde un large spectre de thématiques liées à la psychiatrie et à la santé mentale, dont celle de la formation des professionnels de santé.
La commission, composée de 27 membres dont une directrice des soins en la personne d’Annick Perrin-Niquet, « fait le constat d’une pénurie de soignants spécialisés en psychiatrie avec une perspective d’accentuation compte tenu de la pyramide des âges des infirmiers psychiatriques, corps en extinction depuis 1992 », lorsque le Diplôme d’infirmier de secteur psychiatrique fut supprimé.
Les infirmiers formés depuis, « issus d’une formation générale dans laquelle l’enseignement de la discipline psychiatrie est souvent minimal, connaissent des difficultés d’adaptation à la spécificité de la prise en charge des patients psychiatriques », constatent les auteurs du rapport. « De plus il est très difficile de leur confier des missions de première évaluation et d’orientation. »
« Master professionnel de spécialisation »
Partant du constat d’ « une maîtrise insuffisante par les IDE des spécificités psychiatriques (rôle de la parole dans la relation avec le patient, surveillance des patients) », la commission, qui a auditionné plus de 140 personnes pour ses travaux dont deux infirmiers et une directrice d’Ifsi, recommande donc la création d’un diplôme d’infirmier spécialisé en psychiatrie et santé mentale et suggère que ce diplôme prenne la forme d’un « master professionnel de spécialisation » dans le cadre de la mise en place de la réforme Licence-Master-Doctorat (recommandation n°16 sur 26).
Si elle devait être retenue, cette mesure ne devrait pas signifier pour les membres de la commission la fin de la formation d’adaptation au poste en psychiatrie ni celle du tutorat. Le rapport préconise même de développer le tutorat et se prononce en faveur d’une meilleure « reconnaissance de cette activité exercée par des professionnels expérimentés » et qui s’apparente à une « deuxième carrière ».
« Il est nécessaire d’aller progressivement (…) vers une spécialisation des infirmiers en santé mentale et en psychiatrie , comme cela existe pour la puériculture, l’anesthésie ou l’activité des blocs opératoires », insistent parallèlement les auteurs.
En attendant cette mise en place –seule la première année de licence en soins infirmiers est annoncée pour la rentrée universitaire 2009 et le référentiel de formation n’en est toujours pas arrêté-, « la commission estime nécessaire de développer le temps de formation initiale en psychiatrie durant le cursus de formation des IDE et de rendre obligatoire le stage en secteur psychiatrique durant la formation IDE, ou de prévoir une adaptation à l’emploi pour les IDE exerçant en psychiatrie à la sortie des Ifsi ».
Coopération
Si la réintroduction d’un diplôme spécifique pour les infirmiers de secteur psychiatrique était réclamée par la plupart des acteurs de la psychiatrie, la Coordination nationale infirmière regrette néanmoins « que le rapport ne traite ni des moyens ni de l’organisation » pour mettre en place cette spécialisation. Il reste aussi à espérer que l’avis de la commission Couty l’emportera sur celui de Nicolas Sarkozy. En déplacement à l’EPS Erasme d’Antony le 2 décembre dernier, le président de la République avait en effet estimé qu’une telle spécialisation reviendrait à « ghettoïser » la psychiatrie…
Autre piste avancée par le rapport Couty, celle de la coopération des professionnels de santé en psychiatrie. Il s’agirait très prudemment de « ménager la possibilité d’expérimenter sous l’égide de l’observatoire national des professions de santé, différentes formules de coopération entre les psychiatres et les infirmiers spécialisés en santé mentale, et entre les psychiatres et les psychologues ».
C. A.
* Du nom de son président Edouard Couty, conseiller maître à la Cour des comptes et ancien directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins.