Du 16 au 22 mars, la Semaine d’information sur la santé mentale, initiée par un collectif il y a 25 ans, a mobilisé à Rennes 33 partenaires. Parmi la multitude d’actions menées, le Groupe d’Entraide Mutuelle (Gem) « L’Antre-2 » a ouvert ses portes pour témoigner de son intégration à la vie de la Cité.
Sur une dalle balayée par les courants d’air, au pied des Horizons, vaste immeuble du centre-ville de Rennes entouré de commerces, la vitrine de L’Antre-2 détonne assurément. Non pas qu’un café à cet endroit soit chose anormale -Rennes, ville estudiantine, s’est fait une spécialité de ces lieux conviviaux. Mais ce café-là est tenu par les adhérents d’un Groupe d’Entraide Mutuelle (Gem), « des personnes souffrant de maladies psychiques », comme le stipule la circulaire d’août 2005, qui prévoit le développement de ces structures d’un genre nouveau.
Au Gem, ce ne sont ni des animateurs, ni des soignants qui donnent le la. « Le but est plutôt d’accompagner les personnes volontaires pour qu’elles soient maîtres de ce qui va se construire à l’intérieur du Gem », explique Loïc Quiguer, l’un des deux animateurs. L’Autre Regard, une association locale vieille de 24 ans, composée d’anciens patients de services de psychiatrie, de familles et de professionnels des secteurs sanitaire, social et culturel, a servi de précurseur : une dizaine de personnes ont été orientées vers le Gem en gestation par l’Union nationale des amis et familles de malades psychiques (Unafam) d’Ille-et-Vilaine et le Centre hospitalier Guillaume-Régnier.
Pour proposer une complémentarité avec L’Autre Regard, L’Antre-2 s’intéresse aux jeunes de 18 à 30 ans, qui y viennent en général après une hospitalisation. « Six mois de rencontres informelles ont été nécessaires pour, peu à peu, créer une ambiance de groupe, se souvient Loïc Quiguer. Puis, un des adhérents a eu l’idée de créer un café associatif. L’idée a été le point de départ d’une réflexion collective pour définir le projet et aussi s’interroger sur ce qui fait la spécificité d’un Gem. »
En octobre dernier, le café a ouvert ses portes. Réelle identité du Gem, il symbolise parfaitement cette ouverture sur la cité préconisée par la circulaire. Du mercredi au samedi, quelques-unes des 60 à 70 personnes accueillies chaque année tiennent le bar et servent des boissons sans alcool issues du commerce équitable. A côté des activités organisées uniquement pour les adhérents (théâtre, préparation d'émissions de radio diffusées sur une radio FM locale, danse, etc), le café s’est mis à accueillir d’autres événements. Le mercredi, c'est modelage, le jeudi, jeux de société, et les vendredi et samedi, rendez-vous culturels. Le lieu est même référencé comme une scène musicale rennaise. Résultat : des groupes contactent le Gem pour venir jouer.
Prochaine étape : créer l'association qui portera le Gem. Pour pallier le fort turn-over des adhérents, inhérent à leur âge, un fonctionnement collégial est en cours de formalisation. Au lieu du bureau que l'on trouve habituellement dans une association, un comité a été constitué. Et des commissions thématiques ont chacune un porte-parole au sein du comité.
Olivier Quarante