Depuis quelques semaines, un redécoupage des secteurs de psychiatrie adulte a commencé en Ille-et-Vilaine. L’occasion également d’initier un regroupement par pôles.
Des secteurs imaginés dans les années 1970 devenus obsolètes, un découpage administratif très peu lisible pour les usagers, une évolution démographique importante créant une disparité entre secteurs… Les raisons sont multiples pour ce redécoupage que le Centre hospitalier Guillaume-Régnier (CHGR) -qui couvre neuf des douze secteurs existants sur le département-, vient de lancer. Elles sont notamment, semble-t-il, organisationnelles.
La répartition des pôles, aujourd’hui un par secteur, devrait évoluer dans la foulée. Déjà, trois secteurs redessinés se sont regroupés en un pôle. Prochainement, les autres secteurs seront relancés pour étudier les modalités d’une mutualisation ou d’une coopération entre eux.
« Notre objectif est de réduire le nombre de pôles pour atteindre une masse critique suffisante en ce qui concerne le volume du personnel ou les délégations de gestion », explique Anne Guivarc’h, directrice-adjointe du CHGR. « Attention, regroupement n’est pas fusion. Chaque secteur garde son identité, mais on peut faire à plusieurs ce qu’on ne peut pas faire seul. Entre autres exemples : la prise en charge des schizophrènes débutants. »
Du côté des associations de patients, les avis sont mitigés. Pour Jean-Luc Chevalier, de l’association La Rive, également psychologue au CHGR, « l’approche de cette nouvelle sectorisation est plutôt positive puisqu’elle consiste à créer une inter-connexion plus forte entre professionnels du sanitaire, du médico-social et du social ». Cependant, cela va poser un problème de moyens. A titre d’exemple, ajoute Jean-Luc Chevalier, « le secteur G03 vient d’être associé au G12 nouvellement créé au sein d’un même pôle. C’est l’équipe du G03, légèrement renforcée, qui doit couvrir l’équivalent de deux secteurs, soit 140.000 habitants au lieu de 90.000 » précédemment. Résultat, il devient « désormais quasi impossible » de voir plus d’une fois par semaine certains patients qui étaient vus deus fois par semaine auparavant, explique M. Chevalier.
Même constat pour Jacques Fayolle, président de l’Union nationale des amis et familles de malades psychiques (Unafam) d’Ille-et-Vilaine : « L’argument de l’évolution démographique du département pour redécouper les secteurs me paraît tout à fait valable », concède-t-il. « Mais il faut admettre que certains seront plus fournis que d’autres. De plus, j’observe que même dans un secteur non modifié, un patient peut changer de psychiatre. On aurait pu souhaiter un changement a minima pour éviter l’angoisse inhérente des patients, ce qui n’est pas le cas. Maintenant, le CHGR nous a dit que le redécoupage respectait l’esprit des secteurs. Je fais confiance et ne ferai donc pas de procès d’intention sur cette réforme. »
Certains aspects de cette réforme locale attireront pourtant sa vigilance. « On nous dit qu’il faut aller vers plus d’inter-sectorialité. Nous disons oui, si elle est pertinente, mais pas si elle est déclinée jusqu’au bout, avec des bipolaires d’un côté, les schizophrènes de l’autre, les jeunes d’un côté, et les anciens de l’autre… »
Olivier Quarante