Quand les infirmières impulsent le changement

27/06/2012

Quand les infirmières impulsent le changement

Le 7 juin, le colloque infirmier qui se tenait dans le cadre du congrès des sociétés médico-chirurgicales de pédiatrie a mis à l’honneur l’expertise infirmière, moteur de changement des pratiques de service.

De l’audace, un « brin » de méthodologie… Et le champ des possibles s’ouvre aux équipes soignantes, jusqu’à parvenir à modifier les pratiques des médecins. Clôturant, le 7 juin, le colloque infirmier qui se tenait à Bordeaux dans le cadre du congrès des Sociétés médico-chirurgicales de pédiatrie, Joël Rapon, cadre supérieur de santé aujourd’hui responsable de la formation pour le groupe hospitalier Paris Est, l’a proclamé : « Oui, c’est possible ! » Exemple : la démarche initiée en 2003 par les infirmières du service de chirurgie viscérale de l’hôpital Armand-Trousseau (Paris), qui, soucieuses de réduire la douleur des enfants lors des soins d’abcès, ont conduit les chirurgiens du service à modifier leurs pratiques. Une démarche « originale », pour ne pas dire encore trop rare, qui a conduit l’association Pediadol à réaliser un petit film sur le sujet, au cours duquel soignants et chirurgiens reviennent sur cet épisode fondateur de changement dans le service.

Démarche scientifique
S’appuyant sur la vidéo, Joël Rapon est revenu sur l’expérience vécue à Trousseau, à l’époque où il était cadre supérieur infirmier, pour lister les maîtres mots d’une telle démarche : « réflexion d’équipe » et « démarche scientifique »… assaisonnés « d’un peu d’audace », a-t-il reconnu. Une telle initiative, a-t-il insisté, a été possible car l’équipe soignante avait pris l’habitude de réunions pluridisciplinaires, au cours desquelles les questionnements de chacun étaient abordés, et des solutions immédiatement proposées. « Nous nous donnions généralement trois semaines pour tester la réponse proposée, et ainsi l’évaluer », a-t-il précisé.
Et c’est justement en s’interrogeant sur la douleur des enfants lors des soins d’abcès, les méchages*, que l’équipe infirmière a réussi à changer les pratiques des chirurgiens du service. Pour ce faire, elle disposait, a-t-il précisé, d’un atout maître : la qualité scientifique de sa démarche. Questionnaires remis aux infirmières, étude des dossiers de soin, évaluation de la douleur des enfants lors de méchages… Autant d’étapes rigoureuses qui ont permis aux soignants de présenter à l’équipe médico-chirurgicale ses résultats, mettant en évidence l’insuffisante prise en compte de la douleur. Face au sérieux de la démarche, les chirurgiens du service n’ont, en quelque sorte, eu d’autre choix que de changer leurs pratiques, comme ils en témoignent face caméra. Un protocole de service, validé par tous, a été mis en place par les chirurgiens, aboutissant dans nombre de cas à l’abandon de la technique du méchage, ou à instaurer de manière systématique une prise en charge antalgique efficace pour réaliser ce type de soin.
Anecdotique, la démarche des infirmières de Trousseau ? Non, répond Joël Rapon, qui précise, que même si elle reste trop rare, cette première initiative dans le service a été suivie, depuis, par une dizaine d’autres, par exemple en matière de plaies et cicatrisation. Concluant la vidéo de Pediadol, Christine Grapin, chirurgien, souligne d’ailleurs combien, avec ses collègues, elle a été « agréablement impressionnée » par cette démarche infirmière. « Je crois que c’est un modèle qu’il faut suivre dans le futur », souligne-t-elle. Avis aux amateurs…

Texte et photo: Emmanuelle Debelleix

 

* Habituellement, la technique du méchage consiste, après évacuation chirurgicale d’un abcès sous anesthésie générale, à changer régulièrement les mèches qui tapissent la cavité de l’abcès pour favoriser le drainage de l’infection et la cicatrisation.

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