Que sait-on de la profession ?

31/12/2010

Que sait-on de la profession ?

En croisant plusieurs sources, un document de la Drees fait le point sur la démographie infirmière en France.

LogoIMCet article est extrait de L’Infirmière magazine n°270 (1er janvier 2011).

 

Les infirmières ont beau être les professionnels de santé les plus nombreux de France, on manque de données statistiques fiables pour décrire leur profil et leurs comportements de carrière. En croisant trois sources principales (le répertoire Adeli des professionnels de santé, l'enquête Emploi de l'Insee et le recensement national), la Drees (1) estime s'approcher au plus près de la réalité.

Adeli faisait état, au 1er janvier 2009, de 502.500 infirmières actives de moins de 65 ans en France. Un chiffre à relativiser. D'abord, l'inscription étant gratuite, les infirmières ne se désinscrivent pas obligatoirement en cas de cessation temporaire ou définitive d'activité. Ensuite, elles tardent parfois à enregistrer leur diplôme (2). Enfin, les salariés non hospitaliers "oublient" massivement de s"inscrire. L'incertitude sur le nombre total d'infirmiers en France est ainsi « de l'ordre de +/- 3 % », lit-on dans un document de la Drees intitulé La profession infirmière : situation démographique et trajectoires professionnelles, rendu public en novembre.

40 ans en moyenne
En ce qui concerne l'âge des infirmières, le dernier recensement (2006) montre que la part de celles de plus de 50 ans et de moins de 30 ans augmente, passant respectivement de 18 % à 22 % et de 16 % à 20 % entre 1999 et 2006. Avec 16 % des effectifs, les 45-49 ans constituent la tranche de cinq ans la plus nombreuse. L¹âge moyen, lui, est plutôt stable, à 40,2 ans.

Quant à la répartition par modes d'exercice, si les diverses sources présentent des écarts, « la prédominance de l'hôpital public est telle qu'elle n'est pas remise en cause par ces incohérences », notent les auteurs du document. Jugé plus fiable qu'Adeli sur ce point, le recensement fait état de 12 % d'infirmières libérales, 63 % d'hospitalières (secteurs public et privé confondus), 4 % exerçant en établissements pour personnes âgées, et 21 % classées parmi les salariés non hospitaliers (intérim, scolaires, etc.). Par ailleurs, si la population infirmière était féminine à 88 % en 2006, les hommes étaient plus représentés en libéral (17 %), mais moins parmi les salariés d'établissements pour personnes âgées (7 %).

Inégale répartition
Depuis 2000, Adeli indique que l'augmentation annuelle des effectifs infirmiers est, en moyenne, de 3,1 %, bien supérieure à celle de la population française (+ 0,7 %). En conséquence, la densité d'infirmiers âgés de moins de 65 ans pour 100 000 habitants augmente, passant de 633 en 2000 à 782 en 2009. « Un sentiment de pénurie semble perdurer » malgré tout, observent les auteurs. Cela s'explique, notamment, par « l'inégale répartition des infirmiers sur le territoire » (3). Le croisement de la répartition par âges des infirmières au sein de chaque région et de la densité infirmière actuelle permet d'appréhender l'évolution des inégalités régionales. Globalement, les départs à la retraite seront plus nombreux dans les régions actuellement les mieux dotées, ce qui devrait aboutir à « une plus grande uniformisation de la répartition territoriale des infirmiers ». Avec, cependant, des points noirs comme les départements d'outre-mer, sous-dotés : la part des plus de 50 ans y atteint 28 %.

Davantage de spécialisées
Les sources diffèrent quant au nombre d'infirmières spécialisées (8,5 % selon Adeli, 14,2 % selon le recensement), mais toutes traduisent une augmentation de leur part dans l'effectif infirmier total. L'enquête Emploi montre qu'en 2008, « un peu moins d¹un infirmier sur quatre » travaillait « à temps partiel » ­ un mode d'exercice plus fréquent chez les plus de 40 ans ­ et que près d'un sur trois travaillait de nuit.

Au stade de la formation initiale, il existe depuis 2003 un écart moyen de -8% entre le quota national fixé chaque année par le ministère en charge de la Santé et le nombre d’inscrits en première année d’études infirmières. « Même si l’on observe une augmentation du nombre de primo inscriptions en première année d’Ifsi (+28% entre 2000 et 2008), leur nombre reste en-dessous du quota », constatent les auteurs. Un écart variable d’une région à l’autre : Ile-de-France, Pays de la Loire, Picardie et Nord-Pas-de-Calais enregistrent les plus forts déficits tandis qu’Auvergne, Franche-Comté, Limousin et Aquitaine sont les régions les moins déficitaires.

Baisse de sélectivité du concours ?
Stable depuis 2005 tout comme le quota national de l’ordre de 30.000 places par an, le nombre de diplômés en soins infirmiers -environ 21.000 par an- avait connu une forte augmentation (+52%) entre 2000 et 2005. La forte déperdition observée entre les inscrits en 1e année d’une année N et les diplômés à N+3, de l’ordre de 20%, peut s’expliquer, suggère le rapport, « par une baisse de sélectivité du concours infirmier » et par le fait que certains arrêtent au bout d’un an, se contentant du diplôme d’aide-soignant.

Bonne nouvelle en ce qui concerne l’entrée des infirmières dans la vie active : leur accès à l’emploi est des plus rapides puisque « moins d’un mois après la fin de leur formation, trois quarts des IDE ont déjà trouvé un emploi ». Par ailleurs, seuls 2% de la population active infirmière sont sans emploi. Bref, les infirmiers sont « globalement très peu confrontés au chômage et lorsqu’ils le sont, il s’agit de périodes très courtes (trois mois en moyenne) ».

Les jeunes changent plus de mode d’exercice
Une majorité d’IDE débutent leur carrière dans la région d’obtention de leur diplôme. Les territoires qui retiennent le plus leurs étudiants sont les Dom, la Corse, l’Alsace, Rhône-Alpes et Paca tandis que Bretagne, Limousin, Pays de la Loire, Basse-Normandie, Centre et Poitou-Charentes les perdent davantage. En ce qui concerne l’étranger, seuls 3% des infirmiers exerçant en France ont obtenu leur diplôme ailleurs. C’est dans le Nord-Pas-de-Calais, les Dom et la Champagne-Ardenne que la part d’IDE diplômés à l’étranger est la plus importante (respectivement 12%, 5% et 6%).

Quant aux changements de mode d’exercice, ils sont légèrement plus fréquents chez les hommes que chez les femmes, nettement plus fréquents parmi les salariés que parmi les libéraux et leur probabilité décroît avec l’âge. Ceux qui ont le plus tendance à changer sont les salariés non hospitaliers d’un établissement pour personnes âgées, note-t-on.

En moyenne, les infirmiers du secteur public hospitalier cesseraient leur activité à 56 ans contre 59 ans pour les salariés hospitaliers du privé. A l’âge de 61 ans, plus de neuf salariés hospitaliers publics sur dix (91%) ont cessé de travaillé. Compte tenu du fait que l’âge moyen d’entrée dans la profession est de 26 ans, la durée de carrière des salariés hospitaliers du secteur public serait donc de 30 ans.
Chez les libéraux, on quitte l’exercice en moyenne à 61 ans, mais pratiquement pas avant 50 ans. Les trois quarts cessent leur activité libérale avant l’âge de 64 ans.

Texte: Cécile Almendros
Photo: © Fotolia IX - Fotolia.com

1 – Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère en charge de la santé.
2 – Il faut un délai de l’ordre de cinq ans pour que les diplômés d’une année s’inscrivent tous au répertoire.
3 – Adeli témoigne de forts écarts : en Limousin, on compte 1.038 infirmières âgées de moins de 65 ans pour 100.000 habitants, contre 630 en région Centre et 624 dans l’ensemble des Dom.

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