Attendu depuis deux mois, le rapport sur la médecine de proximité a été remis ce vendredi matin au chef de l’Etat. En ce qui concerne les infirmières, son contenu est décevant.
Les mots ont un sens et le contenu du rapport le rappelle : sollicitée le 16 avril dernier par le président de la République pour une mission sur la médecine de proximité, l’ex-ministre de la Santé Elisabeth Hubert (1) se focalise, dans son rapport, sur les médecins généralistes et la façon dont il conviendrait de renouveler leur exercice afin de l’adapter aux réalités d’aujourd’hui. Sur le versant accès aux soins, Elisabeth Hubert, médecin de formation, fait l’éloge de la télémédecine en tant qu’ « étape majeure de la modernisation de la médecine de proximité ».
Elle estime par ailleurs que la coopération entre professionnels de santé doit être favorisée. « Les multiples auditions auxquelles la mission a procédé (2) ont permis de mettre en évidence une forte attente des professionnels sur ce sujet, toutes professions confondues », écrit ainsi l’auteure. Et de considérer qu’une telle évolution du système de santé français suppose un important travail, « en amont », sur les référentiels métiers de toutes les professions de santé et de toutes les spécialités médicales.
Douche froide pour les infirmières
Elisabeth Hubert liste les coopérations possibles, mais n’évoque, s’agissant des infirmières, que la délégation de « certaines tâches d’éducation thérapeutique pour certaines maladies chroniques (insuffisance cardiaque, asthme, diabète, obésité…) ». Une douche froide en quelque sorte, même si l’ex-ministre juge qu’il appartient aux professionnels de santé eux-mêmes de déterminer les coopérations possibles : « La loi “Hôpital, patients, santé, territoires” donne clairement l’initiative dans ce domaine aux professionnels eux-mêmes, qui doivent concevoir et élaborer des projets pour les soumettre à l’Agence régionale de santé dont ils relèvent ». ARS qui, sur ce sujet, devront avoir un rôle de « facilitateur ».
Enfin, on notera, à propos des maisons de santé pluridisciplinaires, pour lesquelles elle suggère entre autres un allègement des contraintes administratives et une sécurisation des financements, que la mission Hubert a relevé la crainte des infirmiers libéraux « que ne surgisse un lien de subordination aux médecins ».
Sandra Serrepuy
1 – Ministre de la Santé publique et de l'Assurance maladie sous le gouvernement Juppé en 1995, elle n'a occupé ce poste que six mois avant d'être débarquée comme sept autres femmes ministres, rebaptisées à l'occasion les “Juppettes”.
2- Pour les infirmières, les avis de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), de Convergence infirmière et de l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil) ont été sollicités.