La ministre de la santé Roselyne Bachelot a fait lundi un premier tour de table des organisations syndicales des personnels non-médicaux sur les propositions de la commission Larcher sur l'hôpital, en réaffirmant sa volonté de maintenir le statut de la fonction publique hospitalière (FPH), a-t-on appris auprès des syndicats.
La réunion au ministère a duré environ une heure et demie. La ministre a commencé par faire un rapide tour d'horizon des mesures proposées par la commission Larcher puis a écouté les commentaires et les demandes des huit syndicats de la FPH.
Le président du Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH), Philippe El Saïr, a indiqué mardi à l'APM que la ministre entendait mener un cycle de concertations multilatérales et bilatérales
"assez dense". Ce cycle pourrait durer quatre ou cinq mois et vise à élaborer le projet de loi sur la modernisation de l'organisation de la santé pour l'automne, a précisé le président de la CFTC, Bernard Sagez.
Tous les syndicats contactés se sont réjouis de la volonté de Roselyne Bachelot de conserver le statut de la FPH et de fonder la création des communautés hospitalières de territoire sur le volontariat. Ils ont néanmoins fait part de réactions mitigées sur le rapport Larcher.
La CFTC estime que les réponses ne sont pas en adéquation avec la problématique posée et que la volonté d'introduire un
"fonctionnement privé, de surcroît lucratif (...) est un désaveu pour l'ensemble des équipes pluridisciplinaires travaillant à l'hôpital et pour la qualité de prestation fournie à ce jour". Elle regrette le manque d'évaluation de la nouvelle gouvernance mise en place par le plan Hôpital 2007 et surtout l'absence de chapitre dans le rapport Larcher sur les équipes de professionnels non médicaux, sur leurs formations, leurs compétences, leurs conditions de travail et leur reconnaissance.
La secrétaire générale de la CFDT, Yolande Briand, critique également la présentation de la logique de privatisation comme un
"gage d'efficacité et de qualité". Elle considère que le rapport Larcher contient quelques pistes intéressantes et beaucoup de généralités. Elle attend de voir les choix qui seront faits, notamment pour les communautés hospitalières de territoire qui, selon leurs modalités de mise en oeuvre, peuvent soit apporter plus d'efficacité aux hôpitaux, soit constituer une strate supplémentaire.
Toutefois,
"toutes les propositions s'appuient sur des réformes structurelles qu'on connaît déjà et pas sur des réformes organisationnelles", a-t-elle ajouté en demandant qu'un véritable
"travail de fond" soit mené.
Didier Bernus, secrétaire fédéral de FO santé, a indiqué que son syndicat sera très attentif sur les questions du service public, de l'emploi, des qualifications et du maillage territorial. Il a souligné la nécessité de maintenir un service public réalisé par des structures publiques et a exprimé des réserves sur la proposition d'abandon du code des marchés publics.
Pour la secrétaire générale de la CGT, Nadine Prigent, les propositions du rapport ouvrent des perspectives mais suscitent également beaucoup de critiques, de doutes et d'inquiétudes car, selon elle, il manque des garanties sur le développement et la modernisation du service public.
Elle souhaite que les discussions associent également d'autres secteurs professionnels, comme les personnels des directions régionales et départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass et Drass).
Avec les difficultés budgétaires des hôpitaux et les annonces sur la révision générale des politiques publiques (RGPP),
"nous nous inquiétons un peu des ambitions de la réforme", a souligné Nadine Prigent, craignant que la réforme,
"enveloppée dans un discours de service public et d'accessibilité" vise simplement à maintenir l'hôpital
"dans les clous". Enfin, la secrétaire nationale de l'Unsa santé et sociaux, Françoise Kalb, s'est déclarée plutôt satisfaite des garanties avancées par Roselyne Bachelot sur le maintien du statut public des hôpitaux.
(Avec APM)