Plusieurs Ifsi refusent d’organiser les sessions de rattrapage exceptionnelles qui permettraient aux étudiants de 3e année n’ayant pas validé certaines matières de se présenter au jury du DE, à la fin de l’année.
Alors que les premiers « licenciés » font leur entrée dans le monde du travail, certains de leurs camarades devront encore attendre un an. N’ayant pas validé une ou plusieurs unités d’enseignement des semestres 1 à 5, ces étudiants de 3e année, dont le nombre est difficile à évaluer, n’ont, en effet, pas pu se présenter au jury régional du diplôme d’État, en juillet dernier.
Fin juin, une circulaire du ministère de la Santé vole à leur secours, en leur offrant « la possibilité de se présenter aux unités d’enseignement manquantes des semestres 1 à 5 avant les jurys suivants », entre octobre et décembre. Problème : certains Ifsi refusent d’organiser des sessions de rattrapage exceptionnelles. « C’est une question d’égalité », insiste Florence Girard, directrice de l’Ifsi d’Ussel et présidente de l’Association nationale des directeurs d’écoles paramédicales (Andep), s’appuyant sur l’instruction de décembre 2011, qui demande à ce que les rattrapages des semestres 1 à 4 aient lieu en même temps que les épreuves de 1re et 2e année. « Un étudiant qui n’a pas validé une unité du semestre 1 a eu cinq sessions de rattrapage. Et il faudrait encore organiser une session particulière... », relève Florence Girard, qui précise qu’une seule étudiante est concernée dans son Ifsi. « On comprend que ce soit difficile pour les étudiants, mais prendre en compte les particularités, c’est créer de l’injustice », souligne la présidente de l’Anped. Quant à la circulaire de juin dernier, elle « prête à confusion », relève la directrice.
Une réunion au ministère
Pas pour la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). Dans un communiqué, mi-août, le syndicat étudiant balaie l’argument égalitaire des directeurs d’Ifsi. « Un étudiant n’ayant pas validé une seule de ses unités d’enseignement du semestre 1 à 5 devraient attendre un an avant d’être à nouveau présentable au jury de juillet 2013, tandis qu’un étudiant qui n’a pas validé le semestre 6 sera, lui, présentable entre octobre et décembre », souligne le communiqué. Sur le site du syndicat comme sur sa page facebook, plusieurs étudiants font part de leur inquiétude. « Chaque jour, nous recevons des dizaines d’appels d’étudiants paniqués ; ils se demandent ce qu’ils vont faire l’année prochaine. Certains avaient déjà trouvé du travail », expose Eve Guillaume, présidente de la Fnesi. Non diplômés, ils vont devoir chercher un poste d’aide-soignant et risquent de manquer de pratique, alerte la présidente. Sans parler des frais d’inscription pour l’année 2012-2013 (181 euros), réclamés par certains Ifsi.
La balle est à nouveau dans le camp du ministère de la Santé. Mercredi 12 septembre, les représentants de la Fnesi comme de l’Andep seront reçus par Dominique Monguillon, conseillère pédagogique nationale à la DGOS. Outre l'application uniforme de la circulaire, la Fnesi va demander une révision du système des rattrapages. « Ce n’est pas normal qu’un étudiant de 3e année ait encore une matière de 1re année à rattraper. Les étudiants accumulent des dettes ; c’est difficile pour eux de concilier des rattrapages avec les cours, les examens de l’année en cours et les stages », explique Eve Guillaume. Un point de vue que partage Florence Girard. « Il y a des questions de fond à régler. Cinquante-neuf évaluations théoriques réparties sur trois années, c’est énorme. On peut aussi se demander pourquoi certains étudiants ne réussissent pas », s’interroge la présidente de l’Andep. Alors que le ministère est en pleine évaluation de la réforme mise en place en 2009, Florence Girard insiste : « On ne peut plus se satisfaire de retouches. »
Aveline Marques