En matière d’organisation de la profession et de développement des nouvelles compétences infirmières, le Québec a pris une avance considérable.
Lors du 1er congrès de l'UFRSI (Unité de formation et de recherche en sciences infirmières) organisé les 25 et 26 février derniers à Toulouse, Hélène Sylvain, directrice du département des sciences infirmières de l’université de Québec, l’a démontré avec conviction.
Dans la belle province, deux cursus mènent à l'exercice : la première formation, pouvant être assimilé à nos IFSI, qualifie en 3 ans les « infirmières techniciennes » ; l'autre, universitaire, forme les « infirmières cliniciennes », en 2 années pré-universitaires, plus 3 années de licence.
La vraie innovation réside dans ce que les Québécois nomment la « pratique infirmière avancée », qui correspond au cursus universitaire post-licence, à savoir master et doctorat.
L’augmentation des besoins de santé, le vieillissement de la population et la chronicité des pathologies (ainsi que la féminisation de la profession médicale, rendant ces praticiens moins disponibles en temps), ont contribué à l’émergence de nouveaux rôles dans le système de soin québécois.
Attribués aux infirmières via un accroissement de leurs compétences, ces rôles rendent la profession plus attractive et limitent la fuite des professionnels.
Il existe deux types d'infirmières en pratique avancée : les infirmières praticiennes en néphrologie, cardiologie ou néonatalogie, qui suivent des cours communs avec les étudiants en médecine durant la formation ; les infirmières cliniciennes, spécialisées en situations ou domaines particuliers (santé mentale, gérontologie, santé communautaire...).
Les universités en sciences infirmières sont là pour soutenir les doctorantes dans leurs recherches, ce qui laisse rêver un public français pas encore certain de la licence à venir.
Les infirmières en pratique avancée investissent quatre axes permanents : la pratique clinique, la formation et l'éducation à la santé, la consultation et la recherche. Cet éventail se décline aussi bien en milieu hospitalier qu'extra-hospitalier, puisque la problématique économique et géographique incite les dirigeants outre-Atlantique à redistribuer les tâches en dehors des institutions de soins, en s'appuyant sur ces infirmières ayant fait la preuve de leurs compétences accrues.
Les infirmières françaises auteurs de travaux de recherche ont partagé leurs expériences avec un auditoire enthousiaste, malgré les difficultés inhérentes à une telle démarche en France, notamment pour le financement de la recherche et à cause de l'absence d'un cursus universitaire propre.
Ces présentations de recherche françaises présentent le double intérêt de faire découvrir une méthodologie et une éthique nécessaires, et de sensibiliser aux possibilités de changements de pratiques du terrain, fondées sur des données probantes.
À la recherche de l'excellence pour les soins infirmiers, l'UFRSI s'engage dans une dynamique scientifique et clinique, afin d'optimiser la prise en charge des patients et de leur entourage.La présidente, Anne-Marie Pronost, directrice des soins, docteur en psychologie, profondément passionnée, nous invite à rejoindre ces férus de leur profession. Pour en savoir plus : http://ufrsi.com.
AMÉLIE HAUPAIS
1- L’Unité de formation et de recherche en sciences infirmières vise à promouvoir la recherche et la formation, pour le développement et la reconnaissance de la pensée infirmière. Lors de ce 1er congrès, des infirmières de tous secteurs, essentiellement du grand Sud, sont venues s'informer et réfléchir sur de nouvelles méthodes de travail. Pour la plupart universitaires, les différents orateurs, québécois, suisses, belges ou français, ont fait part au public de leur expertise en matière de recherche.