24/07/2008

Recrudescence en France et en Europe des cas de listériose

La listériose connaît une recrudescence tant en France que dans la plupart des pays européens sans que les chercheurs arrivent à trouver d’explication satisfaisante à ce phénomène, constate une équipe de scientifiques dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié mardi.
De 1987 à 2001, l’incidence de la listériose en France a notablement baissé avant de se stabiliser jusqu’en 2005 autour de 3,5 cas par million d’habitants, rappellent Véronique Goulet de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) et ses collègues.
Mais depuis 2006, la tendance s’est inversée avec une augmentation brutale de l’incidence qui a atteint 5 cas par million d’habitants en 2007.
Cette hausse spectaculaire touche particulièrement les personnes âgées de 60 ans et plus et les sujets immunodéprimés de tous âges. Ainsi observe-t-on un doublement du nombre de cas chez les patients atteints de cancer pulmonaire ou colorectal ou encore de leucémie lymphoïde chronique. Les formes materno-infantiles ont en revanche toujours tendance à diminuer en 2006-2007.
La recrudescence de la listériose touche la plupart des régions françaises et présente des caractéristiques similaires à celles que les chercheurs ont constatées dans neuf autres pays européens sur la période 2000-2006, sans arriver à en identifier les raisons.
Les chercheurs évoquent cependant plusieurs hypothèses. Si les patients atteints de listériose et âgés de plus de 60 ans n’ont pas particulièrement modifié leurs habitudes alimentaires et ne consomment pas davantage de produits considérés comme sensibles (charcuterie en gelée, rillettes, pâtés, foie gras, fromages au lait cru, poissons fumés, coquillages crus, surimi, tarama, graines germées crues), « on ne peut exclure la présence à la distribution de nouveaux types de produits qui, en permettant la multiplication de Listeria monocytogenes, pourraient être un nouveau vecteur de contamination », expliquent les chercheurs dans BEH.
Par ailleurs, la baisse de la teneur en sel recommandée par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) ou encore le fait que professionnels de la distribution encouragent les producteurs à allonger les durées de conservation des produits pourraient avoir eu un impact sur la hausse du nombre de cas.
« L’allongement des dates limites de consommation sur les produits sensibles pourrait favoriser le stockage à domicile dans des conditions parfois non-optimales de conservation », suggèrent les auteurs.
Enfin, il est possible que certains traitements aient pu contribuer à rendre les patients plus sensibles à l’infection. Des études doivent être menées pour explorer toutes ces hypothèses.
Selon l’Institut Pasteur, la listériose se traduit chez l’adulte principalement par une bactériémie/septicémie ou une infection du système nerveux central (méningite ou méningo-encéphalite). Dans le contexte d'une grossesse, elle peut se traduire par un avortement, un accouchement prématuré ou une infection néonatale.
La listériose se caractérise encore par une forte létalité, de 20 à 30% des cas, souligne l’Institut Pasteur.
Dans ses consignes de prévention, l’Institut recommande « de bien cuire les aliments d’origine animale, d’enlever la croûte des fromages et de laver soigneusement les légumes et les herbes aromatiques ».
Par ailleurs, les produits préemballés sont à préférer aux produits achetés à la coupe, ces derniers devant dans tous les cas être consommés rapidement après leur achat.

C. A.

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