Depuis le 8 juin, le lipdub (1) de l’hôpital Edouard Herriot de Lyon fait le buzz sur la toile. Une méthode originale de recrutement : des blouses blanches qui chantent, ce n’est pas si fréquent.
Un clip de près de quatre minutes mettant en scène quelque 119 employés volontaires (2). Telle est l’originale initiative de l’hôpital Edouard Herriot (HEH) de Lyon pour mobiliser ses agents autour de la promotion de l’image de l’établissement, à des fins de recrutement. Alors que le CHU emploie plus de 3 000 personnes, pas moins de 33 postes d’infirmières sont actuellement vacants. Une réalité qui, si elle n’est pas spécifique à cet établissement, a inquiété le service des ressources humaines.
En 2010, la direction a donc réfléchi à la façon d’utiliser des moyens modernes de communication pour inciter des professionnels à venir travailler dans l’établissement. « On a été inspirés par le lipdub du CHU de Montréal », raconte Fanny Fleurisson, directrice des ressources humaines (DRH)d’Edouard Herriot, pour qui l’expérience canadienne est porteuse de promesses. « Suite à la diffusion de leur clip, ils avaient reçu 5 000 candidatures. »
Déjà quinze candidatures
Des groupes de travail ont été mis en place au début de cette année : 17 chansons en sont nées. En bout de course, c’est le titre Toi+moi de Grégoire qui a été retenu, du fait des « valeurs véhiculées par ses paroles », mais aussi par sa rythmique:
Toi + moi + nous
Pour tous ceux qu’on accueille,
Pour lui, pour elle,
Osez franchir le seuil.
Allez, venez
Et entrez dans l’ambiance
Venez soigner,
Allions nos compétences…
Le clip offre une visite de l’établissement, et véhicule une image positive, mettant en valeur le service public, la solidarité, mais aussi les avantages que l’établissement propose aux salariés, à l’instar de la crèche. Et manifestement, cela marche : vingt-quatre heures après la diffusion sur internet de ces images, Fanny Fleurisson pouvait se réjouir d’avoir déjà reçu quinze candidatures.
Un projet fédérateur
Outre cet objectif, participer à cette aventure a permis de fédérer les équipes, leur a offert la opportunité de se connaître. « On a tourné dans des services que je ne connaissais pas », raconte Corinne Bruchet, infirmière de bloc opératoire à l’HEH depuis bientôt onze ans. Très enthousiaste, cette dernière a apprécié de participer à ce clip et met en avant le plaisir qu’elle a eu à travailler sur un projet novateur, positif, fédérateur. En effet, la structure pavillonnaire de l’hôpital Edouard Herriot ne facilite pas la communication entre les équipes. Un projet de ce type permettait donc le décloisonnement, la mixité. Une initiative du même acabit, pour Corinne Bruchet, que les "journées d’HEH" qui se tiennent désormais chaque année début juin pour permettre aux différentes équipes de présenter aux autres leurs projets et travaux. « C’est passionnant », juge-t-elle, sans considérer pour autant que tout va bien à l’HEH : « Bien sûr qu’il y a des services où les conditions de travail sont difficiles, bien sûr que tout n’est pas rose », admet l’infirmière. Une facette de la vie dans l’établissement que la DRH reconnaît aussi volontiers : « On ne nie évidemment pas le fait qu’il puisse y avoir des difficultés de travail à l’hôpital. »
Texte :Sandra Serrepuy
Photo : Hôpital Edouard Herriot
1 - En français, vidéo-clip promotionnel chanté par des collaborateurs au sein du milieu professionnel et généralement destiné à une diffusion sur Internet ou autres réseaux.
2 - 41 soignants, 10 médecins, 14 cadres, 22 administratifs, etc.