Réforme de la santé au travail: les infirmières reconnues?

24/05/2010

Réforme de la santé au travail: les infirmières reconnues?

Attendu depuis quelques semaines, un rapport sur la santé au travail vient d’être rendu à Eric Woerth. Analyse avec Anne Barrier, présidente du Groupement des infirmier(e)s du Travail (GIT).

En prélude à la réforme des services de santé au travail attendue pour cet automne, Christian Dellacherie, Membre du Conseil économique, social et environnemental, Paul Frimat, Professeur de médecine du travail à l’Université de Lille II, praticien hospitalier au CHRU de Lille, et Gilles Leclercq, médecin conseil de l’ACMS (1), ont présenté un rapport visant à développer l'attractivité de la médecine du travail et la coordination entre les différents acteurs. Ils ont formulé 46 propositions qui traduisent les principales préoccupations liées aux services de santé au travail, à commencer par la pénurie de soignants qui se profile avec les nombreux départs en retraite à venir.

Que vous inspire ce document ?
Anne Barrier : C’est un document très fouillé, et il fait bien ressortir les problématiques qui nous concernent. La réforme opérée en 2004 pour élargir la médecine du travail s'est avérée très difficile à coordonner. Les changements actuels permettront de passer d’une approche très individuelle (c’est-à-dire du médecin au salarié) à une approche collective: de l’équipe médicale au travailleur. Le rapport apporte aussi une reconnaissance tout particulière aux consultations et à l’expertise de l’infirmière, soulignant le fait que ses interventions et celles du médecin ne sont pas concurrentes mais bien concourantes…

Et en termes de formation ?
Nous sommes également très satisfaits des avancées proposées concernant la spécialisation et le parcours commun des différents acteurs de santé au travail. Mais il faudra que le diplôme interuniversitaire de santé au travail (DIUST) soit reconnu au niveau master au regard du processus LMD (licence-master-doctorat).

Quid de la prévention ?

Ce rapport signe une évolution primordiale en permettant au service de santé au travail de passer de la prévention secondaire voire tertiaire à la prévention primaire, voire à la promotion de la santé ! L’idée étant de mettre en place –sur le terrain– des actions pour éviter les accidents, et non d’agir en fonctions des conséquences… Aujourd’hui on nous donne la possibilité d’éduquer et de sensibiliser en amont…

Quelles sont les limites de ce rapport ?
Il est nécessaire d’offrir un statut de salarié protégé à l’ensemble des infirmières en entreprise, et pas seulement aux infirmières spécialisées. A ce jour, aucun statut protégeant nos règles professionnelles n’apparaît dans le Code du travail. Cela signifie-t-il qu’elles sont négociables ? Il est urgent d’avancer sur ce point, or le rapport est passé outre… De plus, nos modalités d’exercice devront être précisées par un travail de collaboration entre la Haute Autorité de santé et la Société française de médecine: il est nécessaire que les infirmières soient clairement représentées, et intégrées à la réflexion très en amont. D’autres aspects nous paraissent inquiétants : décliner les référentiels de formation au niveau régional est une idée à double tranchant car la tentation est grande de ne former qu’en fonction des besoins…

Propos recueillis par Aurélie Renne

1- L'ACMS est un service interentreprises de santé au travail.

 



Les grands axes du rapport Dellacherie-Frimat-Leclercq

Optimiser et clarifier. Le rapport préconise l'élaboration d’une culture interdisciplinaire et d’une communauté d’objectifs partagée entre les professionnels travaillant dans les services de santé au travail afin d’éviter que la pluridisciplinarité ne se réduise à une juxtaposition des compétences.

Qualifier et valoriser. Des maquettes pédagogiques nationales doivent être élaborées pour l’ensemble des professionnels des services de santé au travail comme elles ont été réalisées pour les médecins du travail, et les référentiels de formation déclinés au niveau régional. Faire connaître les spécificités de la profession en proposant des stages et en précisant le module correspondant de la licence santé.

Reconnaître et légitimer.
Renforcer les prérogatives du médecin du travail en élevant au rang d’une obligation une réponse motivée écrite de l’employeur qui ne prend pas en considération les recommandations du médecin du travail. D'autre part, reconnaître à l’infirmière son rôle de proximité vis-à-vis du salarié.

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