Relève-toi, relève les autres ! | Espace Infirmier
 
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30/05/2024

Relève-toi, relève les autres !

Le festival Relève qui s’est tenu à Marseille les 25 et 26 mai a apporté un autre regard sur les personnes atteintes de troubles psychiques avec la volonté de mettre en avant le rétablissement, des outils thérapeutiques et le rôle des associations. Un pari réussi.

« La santé mentale n’est pas un gros mot ! » C’est par cette phrase qu’Yves Bancelin, directeur d’Esper Pro, association qui a pour mission la promotion, la reconnaissance et le développement de la pair aidance et des savoirs expérientiels, a ouvert le festival Relève. Le ton était donné à savoir montrer pendant deux jours à travers des conférences, des ateliers participatifs, des stands d’informations, et de nombreux groupes musicaux qu’avec des problèmes psychiques : on vit, on rit, on travaille, on aime, on éprouve de la tristesse, on souffre comme tout un chacun. Isabelle Leroi, déléguée régionale de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) de Provence Alpes Côte d’Azur, qui a coorganisé cette première édition du festival a rappelé l’importance de « parler de santé mentale autrement. Relève, Relève-toi, assure la relève…En santé mentale, celui qui sait se relever est un champion ! » Il a donc été question « de faire la fête pour célébrer la santé mentale, a déclaré Roselyne Touroude, référente MDPH et vice-présidente de l’Unafam. Nous sommes tous concernés par la santé mentale. C’est un enjeu individuel, un enjeu collectif et un enjeu citoyen. C’est un événement positif qui s’inscrit dans la promotion de la santé mentale. » D’ailleurs, le public était autant là pour s’informer, écouter, échanger que pour passer un bon moment. « Sans l’aspect musical et festif, nous ne serions peut-être pas venues, m’ont confié deux jeunes femmes personnellement concernées par les troubles psychiques. J’ai été très touchée par l’exposition des peintures réalisées lors d’ateliers par des personnes en rétablissement, a précisé l’une d’elles. C’est bien aussi de voir que l’on n’est pas seule, qu’il y a d’autres personnes comme nous. »

Une intervention précoce auprès des 16-30 ans

Pour éviter que certains troubles ne s’installent, des structures existent. Le Centre local d’intervention précoce (CLIP) qui existe depuis trois ans à Marseille en est une. Il compte une équipe de douze personnes dont deux psychiatres, trois psychologues, deux infirmières, une médiatrice en santé pair, une assistante sociale, une enseignante en activités physiques adaptées et santé… Il s’adresse à toutes les personnes âgées de 16 à 30 ans qui vivent leur premier épisode psychotique ou à risque de transition psychotique. « Nous couvrons l’ensemble de Marseille sauf les 11ème et 12ème arrondissement qui sont couverts par une structure du Centre Hospitalier Valvert, précise Coralie Petit, médiatrice de santé pair intégrée dans l’équipe du CLIP. Nous recevons des appels des infirmières scolaires, des missions locales, des espaces santé, des familles et parfois des personnes elles-mêmes. Mais ce dernier cas est assez rare car elles ont peur de la stigmatisation. Nous menons un premier échange au téléphone, puis nous affinons l’évaluation grâce au questionnaire da la CAAMRS (1). Toute l’équipe est formée et nous intervenons toujours en binôme. Nous travaillons sur différents points comme la scolarité, le retour professionnel, la vie quotidienne, les loisirs, la santé physique et mentale… Nous voyons les personnes dans un parc ou un café et chacune dispose de deux référents. C’est la personne qui fixe ses propres objectifs et si elle a du mal à sortir de chez elle, nous pouvons nous rendre à son domicile. Nous la suivons pendant deux ans. Notre objectif est de réaliser le maximum de relais et qu’elle devienne le plus autonome possible. » Le CLIP, structure de l’AP-HM a une file active de quarante personnes.

Une communauté d’entraide entre jeunes  

Pour cette première édition du festival Relève, Caroline Matte, directrice de la Maison Perchée (2) qui dispose d’un bureau dans le 11ème arrondissement à Paris tenait un stand d’information. « Notre public ce sont les personnes de 18-40 ans qui vivent avec des troubles bipolaires, borderline ou qui sont schizophrènes et qui souhaitent avancer sur le chemin du rétablissement, explique-t-elle. Ce sont des jeunes adultes qui sont déjà dans une démarche de resocialisation et ne sortant pas directement d’hospitalisation. Ils souhaitent développer des liens, rompre l’isolement et la solitude. Nous réalisons un accompagnement non médicalisé fondé sur l’entraide entre pairs, grâce à des podcasts, des groupes de parole en ligne, des cafés-santé. Notre parcours d’accompagnement basé sur la pair aidance s’appelle la Canopée. Nous aidons aussi à devenir pair aidant. Le but est que chacun devienne acteur de son rétablissement pour s’épanouir et non pour survivre au quotidien. Nous voulons montrer qu’une personne bipolaire ce n’est pas une vie foutue, il y a de l’espoir !»

Le soutien et l’aide aux familles

Dans le panel des associations présentes, l’UNAFAM Paca (3) qui accompagne les familles (soutien, documents, informations, contacts des structures sur le territoire, démarches diverses…) occupait bien sûr une place de choix. Les familles jouant un rôle essentiel dans l’accompagnement de la personne atteinte de troubles psychiques. L’association intervient auprès des personnes concernées par les troubles psychiques et auprès des bénévoles qui s’engagent à aider les familles. « Nous accueillons les familles lors d’un entretien avec un bénévole formé au siège sur la façon de communiquer avec elles, souligne Isabelle Leroi, déléguée régionale. Nous avons aussi des groupes de parole pour les proches -conjoint, parent, frère ou sœur, grand-parent, et ami aussi- qui permettent aux personnes de reprendre vie. Ils sont assurés par un bénévole de l’association et un psychologue. » Mais en Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Agence Régionale de Santé (ARS) finance depuis quelques années en parallèle un dispositif complémentaire pour les familles très fragiles. « Ce sont des entretiens de soutien et chaque famille peut bénéficier de quatre entretiens avec des psychologues, une aide très importante, ajoute Colette Pinhas, psychologue, déléguée régionale adjointe de l’Unafam. Dans les groupes de parole, l’idée est d’échanger avec des personnes qui ont la même expérience, de trouver du réconfort, de reprendre pied, et d’avancer dans le cours de sa vie. »

Isabel Soubelet  

(1) La CAAMRS (Comprehensive Assessment of at risk mental state) est un outil permettant le repérage de symptômes psychotiques atténués et définissant les critères d'état mental à risque (AR) ou de psychose (P).

(2) https://www.maisonperchee.org

(3) https://www.unafam.org/provence-alpes-cote-dazur

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