Le rapport sur les missions et l'organisation de la santé mentale et de la psychiatrie établi par Edouard Couty, conseiller maître à la cour des comptes, présenté à la ministre de la santé fin janvier, suscite de nombreuses réactions de la part des syndicats et associations de psychiatres.
Le nouveau dispositif sur la psychiatrie et la santé mentale proposé dans le rapport d'Edouard Couty l'ancien directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos) qui comporte 26 recommandations devrait permettre «le repérage et le diagnostic précoce, l'accès aux soins rapide et adapté, le suivi personnalisé et continu, la réhabilitation sociale, la prévention des risques, la recherche sur la santé mentale, une rénovation de certains dispositifs comme les soins aux détenus». Deux axes seraient privilégiés : le renforcement du rôle des usagers en santé mentale et des familles et l’évaluation des pratiques en santé mentale et en psychiatrie. En outre, la création d’un groupement local de coopération pour la santé mentale (GLC) et d’un conseil local de santé mentale permettrait de rénover le partenariat entre tous les acteurs de la santé mentale et de la psychiatrie du sanitaire, du social et du médico-social.
Le Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes, biologistes et pharmaciens des hôpitaux publics (Snam-HP), le Syndicat universitaire de psychiatrie (SUP) et le Syndicat des psychiatres français (SPF) ont pointé plusieurs éléments positifs dans ce rapport. Ils approuvent les propositions sur l'organisation des soins qui maintient une gestion en territoires mais soulignent que les liens entre l'intra et l'extra-hospitalier devront être renforcés.
L'avis de ces trois syndicats vient contrecarrer celui de l'Intersyndicale de la psychiatrie publique (IDEPP) et du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) qui redoute que le rapport Couty ne signe «l'acte de décès du secteur» et craint la rupture du lien qui existe déjà entre intra et extra-hospitalier. Cet avis fait écho à celui de la fédération CGT de la santé et de l'action sociale qui estime que le rapport ne répond pas «aux attentes des personnels» et que la réforme proposée va faire «exploser la psychiatrie». Des solutions au manque de lits n'ont pas été proposées. La CGT déplore également la proposition d'instaurer un parcours de soins pour le patient gradué en trois niveaux.
Edouard Couty a également préconisé la création rapide d' unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) et un fonctionnement en réseau national pour les unités pour malades difficiles (UMD). Les sites choisis pour l'implantation des quatre nouvelles UMD ont été annoncés. Il s'agit de Sotteville-les-Rouen (Seine-Maritime), Chalons-en-Champagne (Marne), Monestier-Merlines (Corrèze), Albi (Tarn). Cette implantation est accompagnée d’une aide de 10 millions d'euros par site pour une capacité de 40 places chacun. Actuellement, seules 4 régions en étaient dotées : l’Ile de France (à Villejuif), l'Aquitaine (à Cadillac), la Lorraine (à Sarreguemines) et la Bretagne (à Plouguernevel).
C.H. (avec APM)