Résultats du PHRI: les infirmières au rendez-vous de la recherche

Les chercheuses n’ont eu que trois mois pour rendre leur copie, mais la moisson est encourageante. Lancé le 28 septembre par le ministère de la Santé, le Programme hospitalier de recherche infirmière livre ses premiers retours. La trentaine d’experts du comité de sélection, composé de médecins et d’infirmières et piloté par Monique Rothan-Tondeur (lire notre article) a retenu 15 projets, sur plus de 80 présentés. Les investigatrices principales devaient simplement être titulaire du DE et exercer à l’hôpital public. Leurs établissements recevront des financements pour une durée de trois ans.

Alors que la recherche infirmière est déjà bien ancrée au Royaume-Uni ou outre-Atlantique, ce programme est une nouveauté en France. «La recherche, c’est un autre monde, très différent de notre travail habituel, assure à L’Infirmière magazine (n°261, à paraître) Bérangère Dufour, infirmière éducatrice en néphrologie au CHU de Lyon, dont le projet a été retenu. Pour les infirmières, cela peut être un moteur et montrer qu’elles savent faire autre chose que des soins.» Actuellement, elle informe les patients atteints d’insuffisance rénale chronique terminale, en vue du choix d’une technique de suppléance (hémodalyse ou dialyse péritonéale notamment). Dans son travail de recherche, elle évaluera l’apport représenté par l’intervention conjointe d’un psychologue et d’une infirmière au cours de cette information… une pratique rendue possible grâce à l'étude qui sera menée. 
 
Etendu l’an prochain
Bérangère Dufour souligne également que «le simple fait de présenter un dossier a été une expérience», les principales difficultés étant la rédaction et la méthodologie. Des domaines dans lesquelles les directions de la recherche clinique ont pu être d’un grand secours. De tels projets ne peuvent exister que grâce «à des rencontres de personnes» et un solide travail d’équipe, souligne Dephine Leclerc, infirmière à l’hôpital Avicenne de Bobigny (AP-HP). Elle comparera la qualité d’une consultation infirmière de prévention en médecine des voyages et une autre réalisée par un médecin.

En termes d’encadrement, certaines innovations ont payé: à Limoges, «une mission transversale rattachée à la direction des soins» a fait émerger les projets dans tout le CHU, raconte Pascale Beloni, cadre référente en recherche en soins.
 
Sur deux projets présentés par l’établissement, deux ont été retenus. L’un porte sur l’impact de la forme des assiettes servies aux résidents en Ehpad sur la préservation de leurs praxies (gestuelle). L’autre mesurera l’apport de la musicothérapie au cours de la réfection de pansements chez des patients artéritiques de stade IV.

Ailleurs en France, les autres projets sélectionnés (liste ci-dessous) témoignent d’une grande diversité de l'exercice infirmier, de la pédiatrie à la réanimation en passant par la psychiatrie. Avec un bilan visiblement encourageant: le ministère affirme qu’il «compte étendre ce programme dès l’an prochain aux autres professions paramédicales».

Nicolas Cochard
 
Retrouvez une double page sur le Programme hospitalier de recherche infirmière dans le prochain numéro de L’Infirmière magazine (n°261, chez les abonnés le 2 juin).