Roselyne Bachelot appelle les parents à boycotter le Red Bull
Roselyne Bachelot a appelé ce matin au boycott du Red Bull tel que commercialisé depuis hier en France. "Le Red Bull est une boisson qui n’a aucun intérêt en termes énergétiques […], qui n’a aucun intérêt nutritionnel et qui a des dangers importants", a déclaré la ministre de la Santé sur LCI. "Je conseille aux parents, par mesure de précaution, de boycotter le Red Bull". Les hasards du calendrier sont parfois malheureux. Tandis que Roselyne Bachelot doit présenter demain son plan de renforcement de la lutte contre les phénomènes d’alcoolisation massive chez les jeunes, ou « binge drinking », la marque autrichienne Red Bull a commencé hier à commercialiser en France sa « boisson énergisante », dans sa version originale, malgré les réserves maintes fois exprimées par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Si le Red Bull n’est pas une boisson alcoolisée, il a de quoi séduire les jeunes fêtards, par ailleurs consommateurs d’alcool. Composée d’un acide aminé, la taurine, de D-glucuronolactose et affichant une teneur élevée en caféine (32mg/100 ml), la boisson est modestement présentée sur la version française du site Internet Red Bull comme étant « bien plus qu’un simple mythe » et destinée à être consommée « pour les périodes d’activité intense ». « Les personnes actives commencent à se rendre compte que Red Bull est idéal pour faire face à un mode de vie dynamique et exigeant. Pour le dire plus simplement... Red Bull donne des ailes », s’extasie le fabriquant. Pour décrocher l’autorisation de vendre son produit en France, Red Bull a dû dans un premier temps faire des concessions pour contourner les avis défavorables rendus par l’Afssa en 2001, 2003 et 2006 et remplacer la taurine par de l’arginine. Mais en mai dernier, le ministère de l’Economie a donné son accord à la commercialisation en France du Red Bull original, ignorant les avis de l’Afssa. En effet, dans son avis de novembre 2006, l’agence soupçonne la taurine de « neurotoxicité » après avoir observé chez les consommateurs des « anomalies du comportement » et de « l’hyperactivité » notamment. « Considérant les effets délétères recueillis chez l’Homme, il est à noter que la boisson combine plusieurs agents susceptibles de générer des troubles neuropsychiques : caféine, taurine (qui a été associée aux crises psychotiques par Fekkes et al. 1994) », observait l’Afssa. Parmi les symptômes présentés chez les sujets consommateurs de la boisson, l’agence relevait de "l’agitation", de la "tachycardie", des "troubles digestifs" et soulignait dans un cas « l’induction d’un état maniaque associé à la consommation de la boisson ». Depuis hier, les canettes de Red Bull taurine commencent à arriver dans les entrepôts et les rayons des supermarchés français. Elles portent trois mentions valant mise en garde : « A consommer avec modération », « Teneur élevée en caféine », soit 80mg par canette, précise la direction de la communication de Red Bull, et « Déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes ». Les niveaux de concentration des substances comme la taurine ou le D-glucuronolactone dangereux notamment pour les reins,sont dans une seule canette jusqu’à 500 fois supérieurs aux doses journalières apportées par l’alimentation, met en garde l’Afssa qui insiste par ailleurs sur le risque que comporte l’association du Red Bull avec l’alcool. En lien avec l’Institut de veille sanitaire, l’Afssa travaille au développement d’un dispositif de suivi des forts consommateurs de Red Bull.
C. A.
À découvrir
Toutes nos formations pour les professionnels de santé.