05/09/2008

Roselyne Bachelot fait de l’œil aux paramédicaux

Elargissement des compétences, installation d’un haut conseil, discours rassurant, la ministre de la Santé est aux petits soins pour les professions paramédicales en ces temps de rentrée politique et à quelques semaines maintenant de la présentation en conseil des ministres de son projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoires », prévue mi-octobre.

En visite mercredi après-midi dans une maison médicale pluridisciplinaire du Val-de-Marne, Roselyne Bachelot a détaillé quelques annonces en faveur des professions paramédicales. Ainsi a-t-on appris que le Haut conseil des professions paramédicales (HCPP) créé par un décret de 2007 et dont les membres ont été nommés par décret du 31 juillet 2008, serait officiellement installé le 11 septembre.

Cette instance, composée de représentants de toutes les professions paramédicales, sera présidée par l’ancien directeur des soins et de l’hospitalisation Edouard Couty qui en avait suggéré la création en remplacement de l’ancien Conseil supérieur des professions paramédicales. Le ministre en charge de la Santé devra saisir le HCPP sur tous les projets de textes réglementaires qui concernent les professions paramédicales, pouvait-on lire dans un dossier remis à la presse lors du déplacement de Mme Bachelot à Villeneuve-le-Roi.

La ministre a par ailleurs précisé les conditions d’application de l’autorisation sans prescription médicale de vaccination antigrippale par les infirmières, dès la campagne de vaccination 2008. La vaccination antigrippale par les infirmières ne concernera pas les primo-injections et sera prise en charge par l’assurance maladie. En moyenne 2,5 millions de personnes sont chaque année concernées par un syndrome grippal, rappelle le ministère de la Santé.

« La vaccination antigrippale par les infirmiers et sa prise en charge par la sécurité sociale vont faciliter l’accès à la vaccination pour les populations les plus vulnérables », espère le ministère. Devant les professionnels de santé de la maison médicale du Haut Plateau mercredi, Roselyne Bachelot a qualifié ce transfert de tâches des médecins vers les infirmiers de « première étape ». « Je veux valoriser les professions paramédicales», a-t-elle déclaré, « leur rendre hommage ».

Notons que dans la dernière version, encore provisoire, de l’avant-projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoires », il est prévu d’étendre les compétences des sages-femmes à la prescription de contraceptifs et d’interruptions volontaires de grossesse médicamenteuses dans les établissements de santé, les centres de santé et les centres de planning familial.

L’article autoriserait aussi les infirmiers à renouveler, sous certaines conditions, les prescriptions de contraceptifs oraux.

Interrogée sur les inquiétudes soulevées parmi la profession infirmière par les velléités gouvernementales de réformer le décret d’actes infirmiers, la ministre a tenté d’apaiser les esprits. « Je veux vous rassurer », a-t-elle dit. « Il n’est pas question de déshabiller les compétences des infirmières. Tout ce que je fais au contraire, c’est pour valoriser ces compétences », a-t-elle affirmé, évoquant un contexte de raréfaction de la ressource médicale dans lequel il faudra bien trouver des relais.

L’idée de modifier le décret d’actes infirmiers répondait à un besoin de « souplesse », a expliqué la ministre, regrettant qu’il ait fallu neuf mois pour obtenir les décrets autorisant la vaccination antigrippale par les infirmières. « Nous sommes en train de réfléchir à des assouplissements qui ne doivent être en aucun cas un appauvrissement des compétences des infirmiers et des infirmières », a-t-elle insisté, précisant qu’une mission de quatre personnes dont la nouvelle conseillère générale des établissements de santé Michelle Bressand avait été constituée.

Le groupe dispose d’un mois pour présenter ses réflexions sur le décret de compétences des infirmières. Profitant de son déplacement, Madame Bachelot a chanté les louanges des maisons de soins pluridisciplinaires, qu’elle a qualifiées de « voie de l’avenir ». « C’est la façon moderne d’aborder le soin dit de ville ou de premier recours, ainsi qu’une façon de garder une démographie médicale équilibrée », a-t-elle observé.

Le projet de loi « Hôpital, patients, santé, territoires » prévoit d’ailleurs l’élaboration de schémas régionaux d’organisation sanitaire qui seront « non opposables pour préserver le caractère libéral de vos professions », a-t-elle assuré aux infirmiers libéraux de la maison médicale de Villeneuve-le-Roi.

Moins à l’aise sur le dossier de la réforme du LMD (Licence-Master-Doctorat) pour les professions paramédicales, la ministre s’en est remis au rapport qui doit lui être rendu le 22 septembre. « Je n’aime pas trop le terme ‘universitarisation’, je préfère celui de ‘mise à niveau licence’ », a-t-elle cependant déclaré, invoquant le fait que certains professionnels paramédicaux craignent une dissolution dans l’université du caractère professionnel de leur diplôme.

« Avouez que verser d’un coup 450.000 personnes en catégorie A, ce n’est pas une petite réforme de la fonction publique », a-t-elle lâché à propos des infirmières pour justifier le temps que prend la mise en place de la licence infirmière annoncée pour la rentrée 2009.

C. A.

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