Une fillette de 12 ans a succombé à la rougeole jeudi en Haute-Savoie (74). Il s’agit du premier cas répertorié de décès lié à cette maladie depuis 2005 en France. En Europe, en 2006, la fréquence des décès était d’environ 0,7 pour 1.000 cas de rougeole, selon la préfecture de Haute-Savoie, soit un taux très faible.
Mais une explosion du nombre de cas de rougeole –maladie à déclaration obligatoire- a été constatée en France l’année dernière : 566 selon les données encore provisoires mises en ligne par l’Institut de veille sanitaire (InVS) fin janvier 2009 contre respectivement 44 et 40 cas seulement en 2006 et 2007. L’augmentation du nombre de cas a été spectaculaire à partir d’octobre 2008 puisque « près d’un tiers des cas de l’année sont survenus entre octobre et décembre », note l’InVS. Soixante-quatre départements ont été touchés, les zones les plus atteintes étant le quart nord-ouest et le quart sud-est du pays.
Communautés confessionnelles anti-vaccin
Le taux d’incidence national des cas de rougeole autochtone est de 8,59 cas pour 1 million d’habitants, mais dans quatre départements, ce taux est égal ou supérieur à 50 cas par million : il s’agit de la Vendée (92,0), l’Allier (84,7), les Deux-Sèvres (73,8) et la Savoie (50,0), précise l’Institut.
« Nous ne sommes qu’à moitié surpris de cette hausse des cas répertoriés », confie le Dr Denise Antona, médecin épidémiologiste au département des maladies infectieuses de l’InVS. « S’il y a d’un côté de moins en moins de personnes qui développent la maladie grâce à l’efficacité du vaccin, de l’autre, le taux de couverture vaccinale des enfants est très insuffisante dans certaines communautés proches des ligues anti-vaccinales. »
En 2008, plus d’une vingtaine de foyers épidémiques, dont beaucoup ont concerné des collectivités scolaires, ont été rapportés à l’InVS par les Directions départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass) ou par les Cellules interrégionales d’épidémiologie. A l’origine de plusieurs de ces foyers épidémiques, des communautés confessionnelles qui se caractérisent par des familles nombreuses et une hostilité au principe de vaccination, selon le Dr Antona.
Sous-déclaration inquiétante
Les investigations de certaines de ces épidémies ont montré que seule une petite proportion des cas a fait l’objet d’une déclaration, ce qui signifie que les chiffres de la déclaration obligatoire (DO) ne reflètent qu’en partie la circulation réelle du virus.
Début 2009, plusieurs foyers sont encore actifs, selon l’InVS, dont l’Allier, la Vendée et la Haute-Savoie comme vient de le souligner tragiquement le décès de cette enfant de 12 ans la semaine dernière.
En 2008, si les cas de rougeole ont été rencontrés chez des patients âgés de trois mois à 56 ans, l’âge médian des personnes affectées était de 11 ans. Rappelons qu’il existe un vaccin en deux doses contre cette infection virale hautement contagieuse. Non obligatoire, il est néanmoins fortement recommandé et totalement pris en charge par l’assurance-maladie pour les enfants de un à 13 ans.
Les chiffres montrent que lorsque la maladie survient après l’âge de 20 ans, elle conduit à une hospitalisation dans plus d’un cas sur deux. Les principales complications liées à la rougeole sont la pneumopathie, l’otite et l’hépatite.
La rougeole se transmet principalement par voie aérienne, soit directement auprès d’un malade soit parfois indirectement en raison de la persistance du virus dans l’air ou sur une surface contaminée par des sécrétions naso-pharyngées. La période d’incubation dure de 10 à 12 jours. Les formes compliquées sont plus fréquentes chez les patients âgés de moins de 1 an et de plus de 20 ans, selon l’InVS.
Vaccination gratuite entre un et 13 ans
Chez les nourrissons et les enfants, le calendrier vaccinal prévoit l’administration d’une première dose de vaccin rougeole-oreillons-rubéole à 12 mois et une seconde dose avant l’âge de 2 ans. Les enfants gardés en collectivité peuvent être vaccinés dès neuf mois. Un rattrapage vaccinal (total de 2 doses de vaccin triple) est recommandé aux enfants nés à partir de 1992 et âgés de plus de 24 mois et aux adolescents et jeunes adultes nés entre 1980 et 1991 (au moins 1 dose de vaccin triple).
La France a souscrit à l’objectif entériné par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 1998 d’éradiquer la rougeole de la zone Europe à l’horizon 2010, mais pour le Dr Antona, il est « clair » que cet objectif ne sera pas atteint.
C. A.