MNH
La Mutuelle Nationale des Hospitaliers (MNH) vient de publier son enquête annuelle sur l’état de santé des soignants et des personnels hospitaliers. Les résultats mettent en évidence une exacerbation de leurs problèmes de santé qui impactent l’exercice de leur métier.
La dernière enquête (1) réalisée par Odoxa en partenariat avec la Chaire Santé de Sciences Po pour la MNH montre que 37 % des professionnels de santé sont insatisfaits dans leur travail contre 21 % pour les actifs en emploi de manière générale. Le taux d’insatisfaction est de 40 % pour les infirmiers et 41 % pour les aides-soignants.
20 % des soignants se disent en mauvaise santéAutre préoccupation importante, l’état de santé des professionnels de santé est plus dégradé que celui des Français en général. Interrogés sur ce qui a pu les affecter sur les quatre dernières semaines, 63 % déclarent avoir eu des douleurs physiques limitantes dans leur travail ou leurs activités domestiques (45 % pour l’ensemble des Français), 62 % des difficultés à effectuer leurs tâches avec autant de soin et d’attention que d’habitude (46 % des Français), 60 % ont pu se sentir tristes ou abattus (52 % des Français), 59 % ont été gênés par leur état de santé physique ou émotionnel dans leur vie sociale (43 % des Français), 47 % ont ressenti des difficultés à faire des efforts physiques modérés comme monter des escaliers ou déplacer une table (41 % des Français).
De plus, l’enquête indique que 20 % des soignants se disent en mauvaise santé contre 15 % des Français et 12 % des actifs en emploi. Ce chiffre atteint 21 % pour les infirmiers et 24 % pour les aides-soignants. Le sommeil est une difficulté récurrente. Ainsi, 63 % des professionnels de santé rencontrent au moins une fois par semaine des difficultés à dormir, soit 15 points de plus que les Français. Et fait marquant, 74 % estiment que c’est leur travail qui a une incidence sur leurs difficultés à dormir (47 % à cause du stress, 22 % à cause des modifications fréquentes du rythme de travail, 16 % à cause du travail de nuit), alors que « seuls » 54 % des actifs en emploi pensent que leur rythme de travail a une incidence sur leurs difficultés à dormir. Si depuis un an, l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle des soignants est nettement plus satisfaisant (62 % contre 54 % en 2022), il reste loin du niveau des autres actifs (78 %). Et il n’est atteint que pour 59 % des infirmiers.
Le manque de temps, un point noirQuestionnés sur les difficultés rencontrées dans l’exercice de leur métier, 70 % des professionnels de santé pointent le manque de temps. Ils sont 67 % chez les médecins, 77 % chez les infirmiers et 66 % chez les aides-soignants. Puis viennent la complexité de la situation sociale du patient (54 % pour l’ensemble de la profession et 60 % pour les infirmiers), la barrière de la langue (respectivement 49 % et 59 %), les difficultés pour communiquer avec le patient (respectivement 45 % et 54 %), la compréhension des dimensions socio-culturels dans le parcours thérapeutique (respectivement 26 % et 32 %). En revanche, point positif, de nombreux professionnels estiment être sensibilisés ou formés pour faire face à ces situations. C’est le cas de 84 % des professionnels de santé et 88 % d’infirmiers pour les patients en fonction de leur âge, 82 % (84 % d’infirmiers) pour les patients en situation de handicap, 73 % (74 % d’infirmiers) pour les patients précaires, 64 % (idem pour les infirmiers) pour les patients en fonction de leur genre, et 53 % (idem pour les infirmiers) pour les patients non francophones.
La médiation en santé, une approche utile« Nous souhaitons mieux faire connaître le sujet de la médiation en santé en le portant dans le débat public notamment depuis la parution du rapport interministériel (2), souligne Jean-Bernard Castet, directeur général adjoint Affaires publiques santé de la MNH. C’est un métier et une compétence spécifiques. La médiation en santé est trop souvent associée à un épisode de violence or elle a aussi pour objectif de tisser des liens de confiance et de proximité avec les personnes vulnérables en développant « l’aller vers » grâce à des actions physiques, le « faire avec » en intégrant l‘accompagnement, et en sensibilisant les professionnels de santé. » De manière générale, 74 % des soignants exercent dans un établissement qui a mis en place au moins un des dispositifs suivants : un traducteur (56 %), une signalétique adaptée (26 %), la langue des signes (16 %), la médiation en santé (15 %), des documents en méthode FALC (facile à lire et à comprendre). Dans 49 % des cas, la structure a instauré le ou les dispositifs en associant les personnes concernées. Mais cela reste insuffisant puisque 81 % des professionnels de santé ont déjà ressenti le besoin de recourir à une aide externe pour établir ou améliorer la relation avec les patients, un chiffre qui atteint 89 % pour les infirmiers. À ce titre, la médiation en santé est une démarche à mieux appréhender. Pour 52 % des professionnels de santé elle peut améliorer la communication entre patient et soignant, pour 42 % elle peut gérer un conflit entre patient et soignant, pour 35 % elle peut aider une personne à s’orienter dans le système de santé, pour 28 % elle favorise l’intérêt du patient pour sa santé, pour 24 % elle permet de gérer un conflit entre professionnels de santé et / ou leur administration, et pour 13 % elle permet d’aller vers les personnes éloignées. Reste encore à la faire connaître auprès des 23 % qui ne savent pas ce qu’est la médiation en santé.
(1) L’enquête a été menée du 29 août au 26 septembre 2023 auprès d’un échantillon de 1 005 Français, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus et d’un échantillon de 1 140 professionnels de santé, dont 557 infirmiers, 225 aides-soignants, 138 médecins et 220 autres professionnels de santé (cadres de santé, personnels administratifs, etc.).
Pour consulter l’enquête :
https://www.mnh.fr/sites/default/files/2023-10/observatoire-mnh-2023.pdf