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06/07/2023

Santé des femmes au travail, des maux invisibles

Usure physique et psychique, troubles musculo squelettiques, cancers… Les répercussions du travail sur la santé des femmes sont nombreuses et encore trop peu connues. Le secteur du Care est particulièrement concerné.

La délégation aux droits des femmes, présidée par Annick Billon, sénatrice de la Vendée, s’est penchée sur la santé des femmes au travail, un sujet encore trop méconnu des pouvoirs publics et peu pris en compte par les employeurs. Son objectif : rendre visible des maux invisibles. Présenté le 28 juin, le rapport met en évidence des chiffres significatifs et utiles pour prendre des mesures. « Les statistiques sexuées sont apparues il y a une bonne dizaine d’années mais il existe très peu de recherches sur la santé où les femmes sont nombreuses, souligne Annick Jacquemet, une des quatre rapporteures, sénatrice du Doubs. Il existe peu de statistiques par sexe sur les maladies, les accidents du travail et les risques spécifiques auxquels les femmes sont exposées. C’est un problème pour mettre en place des politiques de prévention et de santé au travail, car aujourd’hui, on s’intéresse aux travailleurs de manière indifférenciée. Les postes de travail et les équipements de protection individuels (EPI) sont basés sur des références anthropométriques d’un "homme moyen". Ainsi, les gants de protection pour les soignantes ou les femmes de ménage sont souvent trop grands et les postes de travail sont rarement adaptés. »

Le secteur du Care, très touché

Le rapport met en évidence que 60 % des personnes atteintes de troubles musculo squelettiques (TMS) sont des femmes, que l’on enregistre trois fois plus de souffrance psychique chez les femmes, et que 20 % des femmes ont subi au moins un fait de violence (agression, harcèlement, violences à caractère sexuel) dans le cadre du travail au cours de l’année écoulée. Par ailleurs, la délégation aux droits des femmes a réalisé un focus sur quatre secteurs féminisés emblématiques que sont les professions du soin, du nettoyage, de la grande distribution, et les mannequins et les hôtesses. « Le secteur du Care est féminisé à 80 % et la question se pose de savoir qui prend soin de celles qui prennent soin de nous, précise Marie-Pierre Richer, une des quatre rapporteures, sénatrice du Cher. Ce sont des métiers où la pénibilité physique est importante avec un port répétitif de charges dépassant la norme autorisée de 25 kg, et avec souvent du travail de nuit et des horaires atypiques. » Or, une étude de la Dares publiée en 2022 pointe que 22 % des infirmiers et 15 % des aides-soignants (majoritairement des femmes) travaillent de nuit et le week-end. Des conditions qui entraînent des conséquences sur le sommeil, l’alimentation, le métabolisme, la santé physique ou encore le cancer du sein. On enregistre en effet + 26 % de risque de cancer du sein en cas de travail de nuit. Face à ces données très préoccupantes, la délégation au droit des femmes propose de « penser la santé au travail au féminin ». Cela implique notamment de « faire de l’approche genrée un axe stratégique du prochain plan de santé au travail (PST5) » mais aussi « de développer et d’adapter la prévention primaire et secondaire aux conditions de travail des femmes -postes et équipements adaptés, nombre minimum de soignants par patient- de faciliter la reconnaissance du cancer du sein et des ovaires en maladie professionnelle, de généraliser le développement des maisons de soignants sur tout le territoire... » Un sujet vaste qui nécessite une réelle prise en compte des pouvoirs publics et des employeurs.  

https://www.senat.fr/fileadmin/Office_et_delegations/Droits_des_femmes/Fichiers/RAPPORT_SANTE_PROVISOIRE.pdf

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