Malin Bring
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un jeune sexuellement actif sur trois déclare ne pas avoir utilisé de préservatif ou de pilule contraceptive lors de son dernier rapport sexuel. Une situation qui inquiète les autorités sanitaires. En ce 26 septembre, journée mondiale de la contraception, plusieurs établissements de santé et médico-sociaux participent à des actions de sensibilisation et d’information autour de la santé sexuelle.
Dans un focus sur la santé sexuelle des adolescents, l’OMS pointe du doigt la baisse régulière de l’utilisation de préservatifs chez les jeunes, s’inquiétant du taux de rapports sexuels non protégés : « entre 2014 et 2022, la proportion d’adolescents sexuellement actifs ayant utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel est passé de 70 à 61 % chez les garçons et de 63 à 57 % chez les filles », détaille l’OMS ; « près d’un tiers d’entre eux ont déclaré n’avoir utilisé ni préservatif ni pilule lors de leur dernier rapport », tandis que l’usage d’une contraception orale reste à peu près stable, 26 % des jeunes de 15 ans et plus sexuellement actifs déclarant y avoir eu recours, eux-mêmes ou leur partenaire lors de leur dernier rapport.
Face à ces chiffres alarmants, l’OMS s’inquiète des « conséquences considérables pour les jeunes, notamment des grossesses non désirées, des avortements non sécurisés et un risque accru de contracter une infection sexuellement transmissible ». Elle pointe du doigt la responsabilité des états qui négligent l’éducation complète à la sexualité et lorsqu’elle existe, elle est de plus en plus critiquée en raison de l’hypothèse erronée selon laquelle elle encouragerait les comportements sexuels : un argument que l’OMS réfute, rappelant que « le fait de doter les jeunes des connaissances dont ils ont besoin au bon moment permet d’optimiser les résultats sanitaires grâce à l’adoption de comportement et de choix responsable ».
UNE ÉDUCATION SEXUELLE OBLIGATOIRE, MAIS TOUJOURS TROP LIMITÉE
En France, l’Assurance Maladie facilite la contraception sans avance de frais pour les moins de 26 ans avec notamment un accès gratuit sans prescription médicale à plusieurs marques de préservatifs masculins et féminins. Dans un récent rapport, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s’est ému du fait que l’éducation à la sexualité en milieu scolaire, bien que devenue obligatoire depuis 2001, reste parcellaire dans les établissements, estimant que moins de 15 % des jeunes en bénéficient réellement : « les jeunes sont en demande de cette éducation et vouloir les en protéger, en particulier à l’école, c’est souvent les laisser seuls avec leurs questionnements, sachant qu’ils seront exposés à des images pornographiques avant l’âge de 10 ans : il est donc indispensable de les accompagner », assurent les experts du CESE. Ils appellent les autorités à rendre effective l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) dès le collège et en créant un plan de formation EVARS en concertation avec l’ensemble des parties prenantes sur les besoins et droits fondamentaux de l’enfant.
Anne-Lise Favier