Lionel Lamhaut
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Depuis que le déploiement d’unités mobiles de télémédecine a été préconisé par la mission « flash » du Dr François Braun, l’association Sauv Life a doublé le nombre de ses équipes intervenant en appui au Samu. Les infirmières qui y assurent des vacations répondent présent. Le point avec son fondateur, le Dr Lionel Lamhaut.
Nous sommes une association qui lutte contre la mort subite, notamment avec une application grand public que tout le monde peut télécharger, et qui permet à quiconque se trouve à proximité de quelqu’un qui a besoin d’aide de se rendre sur place pour aider en attendant les secours. Or pendant la crise sanitaire, nous avons réalisé qu’il y avait de grands besoins d’évaluation à domicile : c’est là qu’est née l’idée des unités mobiles de télémédecine.
Quelle différence y a-t-il entre vos équipes et une téléconsultation classique ?Tout d’abord, nous avons auprès du patient un infirmier qui apporte sa vision de soignant, et qui dispose de matériel : défibrillateur, tests diagnostics… Il est les yeux et les mains du médecin qui se trouve de l’autre côté de l’écran. L’autre grande différence, c’est que ce n’est pas « open bar ». L’intervention de nos équipes est régulée par un médecin dans le cadre du Samu ou de la permanence des soins.
Combien d’équipes avez-vous actuellement ?La première équipe, fin 2020, a été créée à Saint-Lô, dans la Manche. Puis comme les retours que nous avions étaient positifs, nous en avons ouvert d’autres : une à Avranches, toujours dans la Manche, puis plusieurs en Île-de-France. Début juillet, avant que le rapport Braun ne préconise le développement de ce type d’équipe, nous en avions 6. Nous en avons désormais 15, et nous continuons à en créer de nouvelles.
Quels sont les « retours positifs » que vous avez ?Sur environ 10 000 interventions effectuées à ce jour, nous avons eu entre 75 et 80 % de patients qui par la suite n’ont pas eu besoin de se déplacer, que ce soit à l’hôpital ou en ville. Nous estimons par ailleurs que par rapport à des visites physiques, nous économisons environ deux tiers de temps médical. De plus, sur un échantillon de personnes auxquelles nous avons téléphoné, 9 sur 10 se disent satisfaites : ils ne se sentent donc pas du tout sous-médicalisés.
Qui sont les infirmières qui interviennent ?Elles viennent de tous horizons : le libéral, l’Ehpad, l’hôpital… Cela marche par vacations. Et contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, nous n’avons pas trop de difficultés de recrutement. Je pense que c’est intéressant pour les infirmières parce que c’est un travail varié et valorisant : les gens sont très heureux de voir l’équipe arriver, elle rend service à des populations qui ont un accès aux soins difficile.
Comment l’expérience sera-t-elle évaluée ?Une évaluation sera réalisée par un organisme extérieur, en septembre. Je tiens d’ailleurs à préciser que ces équipes sont un outil parmi d’autres : elles contribuent à désengorger les urgences, à améliorer l’accès aux soins, mais elles sont complémentaires d’autres interventions.
Quels obstacles pouvez-vous envisager au développement des équipes mobiles ?Il faut qu’il y ait une compréhension, et non une opposition, de la part du monde libéral. Certains y voient une concurrence, alors que pas du tout : nous faisons du soin non-programmé, et régulé. Il y a par ailleurs la question du financement. Aujourd'hui, le médecin est payé pour la téléconsultation, et le véhicule et l’infirmière sont payés sur des fonds ARS. Quel modèle peut-on choisir pour l’avenir ? On ne peut en l’état pas compter sur la rémunération de la consultation infirmière en libéral, qui est bien trop faible. Nous pensons pour notre part qu’il faudrait à terme que ces équipes soient intégrées dans le Service d’accès aux soins, et financées comme telles.
Propos recueillis par Adrien Renaud
Contact : infirmier@sauv.org
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