Tandis que près de 12 millions d’élèves reprennent ce mardi le chemin de l’école, du collège, ou du lycée, les résultats d’une enquête Unapei-Ipsos publiée fin août laisse de nombreuses questions en suspens quant à l’intégration des enfants handicapés au système scolaire.
Mise en ligne le 24 août sur le site Internet de l’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei), cette enquête porte sur la « scolarisation des enfants handicapés mentaux » à l’école élémentaire. Un échantillon représentatif de 608 enseignants du primaire a été interrogé par téléphone du 16 juin au 5 juillet 2008.
Il ressort de cette enquête un paradoxe entre d’un côté la volonté des enseignants d’accueillir et d’accompagner des élèves handicapés au sein de leur classe et, de l’autre, les difficultés encore trop nombreuses rencontrées sur le terrain.
Ainsi, près de huit enseignants sur 10 (86%) ont le « sentiment qu’il serait aujourd’hui possible d’accueillir des enfants ayant un handicap mental au sein de leur école », mais seulement un quart (26%) des sondés ont déjà accueilli un enfant handicapé mental au cours des trois dernières années.
L’écrasante majorité (94%) des professeurs des écoles affirment avoir déjà sensibilisé leurs élèves au handicap mental (44%) ou ont l’ambition de le faire (50%), mais beaucoup regrettent une information lacunaire et une formation quasi absente dans bien des cas. Ainsi, 94% des enseignants sans expérience du handicap mental estiment ne pas être préparés pour l’accueil d’un enfant différent, 87% des enseignants généralistes et 27% des enseignants spécialisés déclarent ne pas du tout avoir reçu de formation spécifique au handicap mental et, quand ils en ont reçu une, nombreux sont ceux qui la jugent insuffisante.
Les enseignants pointent aussi le manque de formation des auxiliaires de vie scolaire (AVS) chargés d’aider les enfants handicapés pendant leur journée de classe. Recrutés à bac+2, les AVS sont embauchés selon des contrats à durée déterminée d’un an renouvelable et sont rémunérés au Smic pour 25 heures hebdomadaires. Selon le ministère de l’Education nationale, 9.521 assistants d’éducation-AVS étaient en fonction au 31 mars 2008 et plus de 32.486 élèves ont fait l'objet en 2007-2008 d'un accompagnement individuel.
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a clairement contribué à augmenter le nombre d’enfants handicapés scolarisés par l’éducation nationale puisqu’ils étaient 162 .000 à la rentrée 2006-2007 contre seulement 89.000 en 2002-2003, soit une hausse de 75% en cinq ans. Mais de fortes disparités demeurent en fonction du type de handicap.
Un élève handicapé physique a davantage de chance de poursuivre longtemps une scolarité ordinaire qu’un enfant souffrant de handicap mental. Si la loi de 2005 a posé le principe du droit des enfants handicapés mentaux à être scolarisés dans leur école de secteur, l’Unapei constate dans le numéro de septembre de sa revue Vivrensemble, que « 15.000 enfants handicapés mentaux sont à ce jour sans solution de scolarisation ».
Espérons que la circulaire du ministère de l’Education nationale du 4 avril 2008 visant à préparer la rentrée 2008 trouve une traduction concrète. Elle fixait dix grandes orientations prioritaires à l’intention notamment des recteurs et inspecteurs d’académie, dont celle de « scolariser les élèves handicapés » en s’appuyant sur le « projet personnalisé de scolarisation », le déploiement d’ « enseignants référents » et le recours à un « accompagnement de qualité » , sans oublier un « effort croissant de formation des enseignants ».
Depuis le 25 août, une plate-forme téléphonique du ministère de l’Education nationale, le 08 10 55 55 00, fonctionne du lundi au vendredi, de 8h à 18h. Ce dispositif a pour but de « favoriser les démarches des familles d’élèves handicapés ».
L’année dernière (2007-2008), près de 110.000 élèves en situation de handicap ont été scolarisés dans le premier degré dont près de 10% dans l’enseignement privé et 52.350 dans le second degré, soit une hausse de 4,5% par rapport à l’année précédente.
C. A.