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08/06/2023

Ségur numérique : « Une forte ambition pour la profession infirmière »

La conférence « le numérique au service de la santé. Où en sommes-nous ? », mercredi 24 mai au Salon infirmier, a fait le point sur l’avancement du volet numérique du Ségur. Avec un focus sur la profession infirmière.

Comment assurer la prise en charge des citoyens dans le contexte démographique actuel, alors que, comme le rappelle le Dr Jacques Lucas, ancien vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins, nombre de généralistes « ne prennent plus de nouveaux patients », « l’hôpital est débordé »

« Il faut raisonner en termes d’équipe de soins », et miser sur le numérique, poursuit Jacques Lucas, également ex-président de l’Agence du numérique en santé (ANS).

Pour rattraper le retard français en la matière, le ministère de la Santé a lancé en 2021 le volet numérique du Ségur. Piloté par la délégation ministérielle au numérique en santé (DNS), ce programme a « une ambition forte et à la fois modeste », précise Dr Sandra Malak, directrice de projets : accélérer la feuille de route du numérique en santé.

Comment ? En généralisant le partage fluide et sécurisé des données entre professionnels et avec le patient.

Une logique multi-étape

Mon espace santé, coffre-fort numérique rassemblant des informations médicales, lancé en 2021, est la pierre angulaire. Il acte « une ambition de rupture », fait valoir le Dr Malak. L’objectif : que les professionnels l’alimentent. Il s’agit de passer de 10 millions de dossiers médicaux partagés (DMP) vides à 65 millions de « Mon espace santé » systématiquement alimentés, de 6 millions à 250 millions de documents échangés par an. L’Etat y met les moyens : 2 milliards.

L’accélération du partage de données se fait par étapes, déroule la médecin :

1) la généralisation de Mon espace santé, via la création automatique de comptes pour tous sauf opposition. « Seuls 2% ont refusé », souligne le Dr Malak ;

2) Atteindre une masse critique de données, ce qui suppose d’analyser les pratiques et de lever les freins, notamment techniques, au partage entre acteurs d’un secteur, ou “couloir” ;

3) Faciliter les usages. 

« Le premier déploiement a commencé fin de l’hiver 2022 », retrace la directrice de projets, avec les couloirs historiques : hôpital, médecine de ville, imagerie, biologie médicale, pharmacie. À ce jour, 80% des acteurs de chaque secteur est muni d’un logiciel répondant aux exigences d’interopérabilité, de sécurité, d’intégration des services et référentiels socles*. Un essor aidé par un levier financier – l’Etat paye aux éditeurs la mise à jour pour le compte des professionnels - et un levier plus coercitif, réglementaire. Dès lors, ils ont pu alimenter « Mon espace santé », en étant accompagnés face aux bugs. Résultat : « Nous en sommes déjà à la moitié de la cible », se réjouit le Dr Malak.

Au tour des infirmières

Restait à embarquer les autres professions. C’est chose faite depuis janvier 2023 et le lancement des travaux pour les dentistes et les sages-femmes. Mais aussi pour le couloir paramédical : kinésithérapeutes, podologues, orthophonistes, orthoptistes… Et les infirmiers exerçant en ville, en libéral, ou comme salariés de centres de santé. Ceux-ci ont un « rôle pivot dans la coordination », souligne le Dr Malak, interlocutrice du métier. Ils ont « beaucoup de chance », juge le Dr Lucas, car ils n’ont pas eu à essuyer les plâtres.

« Pour l’instant, on est dans une phase de concertations », explique le Dr Malak. Des ateliers métiers, d’un côté, réunissent représentants de l’Ordre, des syndicats, des associations des professionnels et des étudiants, pour aborder « des questions de contexte, d’organisation du métier ». Des ateliers techniques, de l’autre, sont voués à « rentrer dans le vif du comment ça marche », à « discuter référentiels ». Chaque atelier est ouvert à l’autre partie. L’idée : « construire ensemble le cahier des charges du logiciel dit Ségur infirmier ».

La visée de ce « travail de longue haleine » : « Des premiers usages et des premiers déploiements en 2024 ». « On ne vous cache pas que l’ambition pour la profession infirmière est assez forte », explique la directrice de projets. Pour cause : quelque « 200 000 » professionnels doivent être embarqués. Les infirmiers ayant bien besoin d’accéder directement aux comptes-rendus, lettres de sorties, etc., la médecin en est convaincue : cette accélération et fluidification « va changer énormément de choses ».

* le dossier médical partagé (DMP), les messageries sécurisées de santé (MSS), l’identifiant national de santé (INS), Pro Santé Connect.

Photo : De gauche à droite : Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers ; Dr Jacques Lucas, ex-président de l’Agence du numérique en santé ; Xavier Vitry et Dr Sandra Malak, directeurs de projets à la délégation ministérielle au numérique en santé (DNS).

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