Semaine européenne de la vaccination : sus à la rougeole !

27/04/2011

Semaine européenne de la vaccination : sus à la rougeole !

Le panorama de la vaccination en France conduit le gouvernement à tirer la sonnette d’alarme et à en appeler à la mobilisation générale pour améliorer les taux de couverture vaccinale de vaccins qui, pour n’être pas obligatoires, n’en sont pas moins indispensables pour assurer une moindre circulation des virus.

C’est « un cri d’alarme » que la secrétaire d’Etat en charge de la Santé a voulu pousser lors de la conférence de presse de présentation de la 5e édition de la Semaine européenne de la vaccination (1) qui se déroule du 26 avril au 2 mai 2011. « Aujourd’hui, la vaccination est insuffisante dans notre pays », a solennellement martelé Nora Berra, invitant chacun à « entendre » cette réalité. Rappelons qu’aux termes de la loi de santé publique de 2004, les objectifs pour une couverture vaccinale efficace sont d’au moins 95% hors grippe et d’au moins 75% pour chacun des groupes cibles de la grippe.

Au-delà de ce constat global alarmant, de fortes disparités territoriales marquent les comportements en matière de vaccination. On se vaccine ainsi davantage dans le nord de la France que dans le sud. Chez les enfants, la couverture vaccinale atteint l’objectif pour le DTP (2) et la coqueluche, mais elle est insuffisante pour le Ror (3), l’hépatite B, le pneumocoque et la méningite C. Plus préoccupant encore, chez les adolescents, aucune vaccination n’atteint les 95% de couverture vaccinale recommandée ; ainsi, plus de la moitié des jeunes filles en âge d’être vaccinées contre le papillomavirus ne l’est pas. Enfin, les adultes ne sont pas mieux lotis et leur taux de couverture vaccinale baisse avec l’âge. A titre d’exemple, seuls 61% des plus de 65 ans se sont fait vacciner contre la grippe l’hiver dernier, loin des 75% requis.

Les professionnels de santé appelés à « montrer l’exemple »
Quant aux professionnels de santé (voir encadré ci-dessous), leur couverture vaccinale est bonne en ce qui concerne les vaccinations obligatoires, mais elle est « très faible » pour les vaccinations recommandées, a déploré Nora Berra, les appelant à « montrer l’exemple pour convaincre nos concitoyens » de se faire vacciner. « Il faut rétablir la raison autant que la sérénité autour de cette question essentielle de la vaccination », a plaidé la secrétaire d’Etat, invitant « chacun à aller chez son médecin traitant », muni de son carnet de santé ou de vaccination pour faire le point.
Tout n’est pourtant pas noir au pays français de la vaccination. « La couverture vaccinale des nourrissons de moins d’un an figure parmi les plus élevées au monde », a ainsi rappelé le Dr Françoise Weber. Au titre des nouvelles « relativement rassurantes », la directrice générale de l’Institut de veille sanitaire (InVS) a également cité le fait que la polémique sur le vaccin pandémique contre la grippe H1N1 l’an dernier n’a pas, excepté en Normandie, entamé la couverture vaccinale contre la grippe. Si celle-ci « reste insuffisante », au moins n’a-t-elle « pas baissé », a-t-elle observé. La plus mauvaise nouvelle vient clairement du front de la rougeole dont la couverture vaccinale pour la première dose (4) stagne à 90% et chute dramatiquement à 41% pour la seconde dose, soit un taux « très insuffisant », a insisté Françoise Weber, avec de « très grandes hétérogénéités sur le territoire » : si la couverture vaccinale est satisfaisante dans le nord de la France, elle est très insuffisante dans le sud-est, avec une conséquence directe sur la prévalence de la rougeole dans les régions correspondantes, à titre d’exemple, « 78 cas pour 100 000 habitants en Rhône-Alpes contre seulement trois pour 100 000 dans la Loire » (5).

Rougeole : « l’épidémie flambe »
La France connaît depuis 2008 une épidémie de rougeole qui s’est emballée au début de cette année. Si l’on considère les trois premiers mois de 2011, nous sommes face à « une épidémie qui flambe », a confirmé Françoise Weber, faisant état de « 3 000 cas pour le seul mois de mars » et « déjà treize complications neurologiques et deux décès en trois mois ». Les professionnels de santé ne sont pas exempts de responsabilité. Seuls la moitié d’entre sont vaccinés, a-t-elle indiqué, or ils sont « susceptibles de transmettre l’infection aux patients dont ils ont la charge. On voit très souvent ces épisodes de rougeole, coqueluche et grippe nosocomiales », a insisté la directrice générale de l’InVS.

Si d’autres pays européens tels que la Bulgarie ou la Suisse connaissent aussi quelques déboires avec la rougeole, la France est clairement « très mal placée », a relevé le directeur général de la Santé Didier Houssin, soulignant « la responsabilité internationale » de notre pays, dans un contexte où « l’objectif était d’éradiquer la rougeole ». Au lieu de ça, « nous exportons des cas de rougeole dans des zones où elle était éradiquée, en Amérique du Sud par exemple », s’est ému M. Houssin. Cette situation déplorable conduit d’ailleurs les autorités sanitaires à s’interroger sur l’opportunité de « rendre obligatoire la vaccination contre la rougeole », a-t-il lâché.

La rougeole, maladie hautement contagieuse (6) contre laquelle il n’existe pas de traitement spécifique et considérée à tort comme infantile et bénigne a d’ailleurs été choisi comme thème de cette 5e Semaine européenne de la vaccination pilotée localement par les 26 agences régionales de santé de France. L’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé diffuse pour l’occasion de nombreux outils destinés tantôt au grand public tantôt aux professionnels de santé : affiches, carte postale ou disque du calendrier vaccinal, guides, brochures et autres dépliants.
Texte et photo: Cécile Almendros

1 – Instaurée en 2006, à l’initiative de l’Organisation mondiale de la santé.
2 - Diphtérie, tétanos, poliomyélite.
3 – Rougeole, oreillons, rubéole.
4 – Deux injections sont nécessaires pour être protégé efficacement contre la rougeole. A 24 mois, tous les enfants devraient avoir reçu deux doses de Ror. Des procédures de rattrapage sont possibles quand ce n’est pas le cas.
5 - 1,3 million d’enfants et jeunes adultes âgés de 6 à 29 ans ne seraient pas vaccinés
6 - Une personne infectée peut en contaminer jusqu’à vingt autres.

 


La vaccination des professionnels de santé

Une enquête réalisée par l’InVS en 2009 chez les soignants des établissements de soins de France a mis en évidence des taux de couverture vaccinale de
95,5% pour la DTP
91,7% pour l’hépatite B
94,9% pour le BCG
49,7% pour la rougeole
29,9% pour la varicelle
11,4% pour la coqueluche
En ce qui concerne la grippe, selon une enquête téléphonique menée par l’InVS en janvier 2011, la couverture vaccinale était de 27,6%. Le groupe des sondés était composé à 39% d’infirmières, 25% d’aides-soignantes, 11% de médecins, 7% d’agents hospitaliers et 18% d’autres professions. C. A.

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