Sésame, un dispositif pour un accès facilité aux soins en santé mentale | Espace Infirmier
 
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04/07/2024

Sésame, un dispositif pour un accès facilité aux soins en santé mentale

Améliorer, en médecine générale, l’accès aux soins en santé mentale en médecine générale et éviter les pertes de chances pour les patients, c’est l’objectif de Sésame-Soins d’Équipe en SAnté MEntale. Un dispositif qui mobilise toutes les ressources et donne à l’infirmière un rôle de chef d’orchestre.

On estime que 50 % des personnes en souffrance ne reçoivent aucun soin. C’est pour répondre à cette problématique que Sésame- Soins d’équipe en santé mentale a vu le jour dans une phase pilote (1) de 2020 à 2023 dans le département des Yvelines. « Les médecins généralistes sont assez isolés sur le sujet de la santé mentale et l’objectif de Sésame est de les soutenir et de limiter les pertes de chances pour les malades, souligne Johanna Couvreur, responsable de projets santé à l’Institut Montaigne et directrice de Quartet Santé. Sésame s’appuie sur le modèle des soins collaboratifs développé dans les années 90 aux Etats-Unis en constituant notamment une équipe de soins dédiée. La cible concerne une patientèle de plus de 18 ans sans suivi psychiatrique en cours, et les troubles mentaux fréquents à savoir les troubles dépressifs et anxieux, d’intensité modérée à sévère. Dans cette mise en place, l’infirmière joue un rôle de chef d’orchestre. Et le but est de construire et bâtir une culture commune, et de mener un travail de facilitation de la prise en charge du patient. »

L’infirmière au cœur du dispositif

Dans un premier temps, le dispositif a été testé de 2020 à 2023 dans les Yvelines en collaboration avec le Centre hospitalier de Versailles et l’association Quartet Santé. Il a été mené avec 17 médecins généralistes, 3 infirmières et 3 psychiatres. Une fois réalisé le PHQ-2, outil de dépistage ultra-court composé de 2 questions concernant l'humeur et l'anhédonie, le médecin généraliste décide d’adresser ou non le patient à Sésame. Si le patient entre dans le dispositif, il est adressé à l’infirmier coordinateur qui récupère ses informations et réalise une évaluation initiale lors d’un rendez-vous long. Le patient entre ensuite dans la phase active de soins avec des consultations tous les 15 jours, puis dans la phase de prévention des rechutes avec des consultations tous les mois. Et cela sur une durée allant de 3 à 12 mois maximum. « C’est un parcours de soins protocolisé, avec des temps de coordination dédiés garant de la qualité des soins, et une solution logicielle de gestion des parcours », ajoute Johanna Couvreur. Dans ce dispositif, la place de l’infirmière est essentielle comme en témoigne Julie Martin, infirmière coordinatrice chez Quartet Santé. « Le dispositif permet de travailler à partir des besoins des patients et de mener une intervention précoce auprès d’eux, c’est donc très différent des urgences, précise la jeune femme qui a passé 10 ans aux urgences psychiatriques du CH de Versailles. Je peux effectuer un ré adressage précoce si besoin vers d’autres professionnels du soin ou vers les ressources sanitaires, sociales et médico-sociales. J’ai des réunions hebdomadaires avec le psychiatre sur les différents patients mais aussi des réunions cliniques avec le médecin généraliste et le psychiatre. Cela permet de modifier les traitements si besoin. C’est un gain de temps important dans la prise en charge. Et on voit que les patients ont une grande confiance envers l’infirmière coordinatrice. » Parler, prendre son temps, expliquer, c’est aussi une manière de dédramatiser les problèmes de santé mentale. Pour l’instant, les infirmiers recrutés sur ce type de poste doivent a minima avoir exercé 3 années en psychiatrie.

Vers un développement

Après cette phase d’expérimentation menée dans quatre sites de médecine générale du département des Yvelines (Porcheville, Les Mureaux, Versailles et Chevreuse), les premiers résultats ont montré la pertinence de Sésame. Il fait de ce modèle l’échelon manquant entre la médecine générale et les soins psychiatriques. L’obtention d’un financement dérogatoire au titre de l’Article 51 constitue une opportunité de déploiement territorial, dans un premier temps en Ile-de-France sur la période 2023-2026 sachant que la Savoie et l’Occitanie sont en réflexion sur le sujet. Cela concerne désormais 5 départements, 14 villes (2), soit plus de 80 médecins généralistes (en cabinet médical, MSP, centre de santé), 8 infirmiers Sésame et 8 psychiatres. « Sésame propose une approche plus globale des enjeux de santé, qui s'appuie sur la mobilisation de toutes les ressources utiles aux patients et ouvre une réflexion sur les rôles, la place et la nécessaire coopération des différents professionnels », estime Johanna Couvreur. De quoi apporter une réponse précoce, avec un avis thérapeutique, à des patients qui ne seraient pas forcément allés vers des soins.

Isabel Soubelet

(1) La phase pilote du projet SÉSAME a bénéficié du soutien de la Fondation Érié, de la Fondation Sisley d’Ornano, du Fonds d’innovation organisationnelle en psychiatrie et de l’APTA 78, Association Plateforme Territoriale d’Appui.

(2) Argenteuil, Aubervilliers, Chambourcy, Chevreuse, Gargenville, Guyancourt, Hardricourt, Les Mureaux, Paris, Marly-le-Roi, Porcheville, Saint-Germain en Laye, Suresnes, Versailles.  

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