Ne pas se poser en expert, se détacher de sa propre représentation de la sexualité… la question sensible du rôle des professionnels médico-sociaux face à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap moteur a été au centre d’un colloque, mardi 22 mai.
Comment aborder la sexualité et la vie affective avec des personnes en situation de handicap moteur lorsqu’on est un professionnel du secteur social et médico-social ? Mardi 22 mai, environ 110 professionnels sont venus chercher des éléments de réponse au colloque organisé par l’association des paralysés de France, à l’université de Versailles-Saint-Quentin (Yvelines).
Une table ronde a été consacrée à la prise de conscience du positionnement professionnel face à la question de la sexualité. Est-ce facile pour un professionnel d’être choisi par quelqu’un pour parler de sa sexualité ? « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de répondre aux questions, souligne Cécile Combeau, Gestalt-thérapeute et animatrice de la table ronde. On fait beaucoup avec ce que l’on est, notre histoire, et malgré la formation professionnelle, ce n’est pas toujours facile. »
Le rôle du professionnel est de trouver une réponse pour accompagner au mieux une personne seule, un couple mixte ou un couple en situation de handicap vis-à-vis de leur sexualité, mais il ne doit pas hésiter à se tourner vers ses collègues s’il ne se sent pas capable de répondre à leurs questions. Il doit également éviter de s’arrêter à ses propres représentations de la sexualité. « Lorsqu’une personne en situation de handicap me dit ″ j’ai envie de baiser ″, il faut voir ce qu’elle entend à travers l’emploi de ces termes et être curieux car pour elle, cela veut peut-être dire qu’elle a besoin de caresses et de tendresse », rapporte Cécile Combeau, qui précise ne jamais se placer en position d’experte lorsqu’elle aborde cette question.
Sexualité en institution
Un point de vue soutenu par Jean-Luc Letellier, responsable de pôle formation continue Buc ressources, spécialiste de la prise en compte de la sexualité dans le secteur social et médico-social : « Quand nous sommes face à un adulte sans déficience intellectuelle, quelle est notre position pour lui donner des conseils ? Pourquoi ne pas nous limiter à ne pas lui mettre de barrière pour qu’il vive sa sexualité ? » Le professionnel peut aussi apporter des informations sur les maladies sexuellement transmissibles (MST) ou encore sur la contraception.
La question de la sexualité dans les institutions a également été abordée puisque dans le règlement intérieur de certaines d’entre elles, les relations sexuelles sont interdites. « En tant que professionnel, on peut remettre en cause ce règlement, soutient Cécile Combeau. Mais l’institution doit être en mesure de l’entendre. Il faut pouvoir parler du règlement avec les personnes qui habitent au sein de l’institution et avec les professionnels. » Et Jean-Luc Letellier d’ajouter : « Je suis très attaché à la loi car c’est elle qui nous garantit à tous un espace de liberté. Donc, lorsqu’un établissement interdit des relations sexuelles entre les personnes qui y habitent, il est hors la loi. Ce type de règlement vise surtout à protéger les professionnels. »
Laure Martin