Roselyne Bachelot l'a promis: la première année de la licence en soins infirmiers sera sur prête dès la rentrée prochaine, en septembre 2009. Mais de quelle licence s'agira-t-il? Avec plus de huit mois de retard, le rapport conjoint de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche (Igaenr) sur l'intégration des filières paramédicales au LMD, a finalement été rendu public le 7 octobre. Intitulé "Evaluation de l'impact du dispositif LMD sur les formations et le statut des professions paramédicales", ce rapport de 146 pages, se prononce en faveur d'une licence professionnelle pour les infirmières. Cette option provoque la colère de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) qui réclame depuis longtemps une licence générale pouvant déboucher sur un master puis un doctorat et s'inscrivant dans le schéma européen de mobilité. Sa présidente, Livia Lainé, a répondu à nos questions.
Comment la Fnesi a-t-elle accueilli ce rapport, pour lequel elle a d'ailleurs été auditionnée?
Ce n'est pas du tout ce qu'on a demandé. La licence professionnelle, on n'en veut pas! Ce qu'on veut, c'est une vraie licence générale qui puisse déboucher sur un master puis sur un doctorat.
Vous n'êtes pas d'accord avec ceux qui redoutent qu'une licence générale rende trop théorique une formation qui doit rester très pratique?
Les universités elles-mêmes demandent que les formations soient de plus en plus professionnalisantes. Il est tout à fait possible d'organiser la formation de manière à prendre en compte nos stages pratiques. On a déjà fait une plaquette qui prouve que c'est faisable. Mais la Direction de l'hospitalisation et des soins (Dhos) est de mauvaise foi. En effet, on constate que, contrairement aux discours, le groupe chargé de mettre au point le nouveau référentiel de formation est en train de s'arranger pour que ce ne soit pas compatible avec un vrai cursus universitaire.
Le rapport préconise la coexistence du diplôme d'Etat infirmier avec la licence professionnelle. Qu'en pensez-vous?
Il ne faut pas maintenir un double diplôme, c'est incohérent. Il faut au contraire créer un diplôme unique qui serait une licence universitaire d'exercice qui obéirait à une double tutelle des ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur.
Et la volonté de limiter le nombre de masters pour "éviter toute fuite en avant"?
Les étudiants en rigolent. Il n'a jamais été question que tout le monde fasse un master, mais de la possibilité, dans une vie, en 40 ans de carrière, d'évoluer vers autre chose. Ce rapport est basé sur les plus grandes peurs de la profession, mais elles sont infondées.
Que comptez-vous faire?
Il faudra bien passer à l'action. Depuis deux ans, on a choisi de s'investir, de travailler dans la concertation pour proposer des choses plutôt que de manifester, mais si ça continue, la profession tout entière ne va plus pouvoir se contenter de discuter. Parce que si cette réforme passe en l'état, elle va faire mourir notre formation.
Propos recueillis par C. A.