Slasheur : un nouvel équilibre professionnel adopté par le Centre Léon Bérard | Espace Infirmier
 
Titre de l'image

27/06/2024

Slasheur : un nouvel équilibre professionnel adopté par le Centre Léon Bérard

Face à l’émergence d’une tendance de certaines infirmières à adopter une autre activité professionnelle en parallèle de leur métier de soignant, le Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard à Lyon a décidé de répondre à leur demande en adaptant leur temps de travail. Les slasheurs représentent-ils une alternative prometteuse et innovante du modèle traditionnel de carrière ?

Issu du mot anglais slash, qui désigne la barre oblique sur l’ordinateur, souvent utilisée pour séparer, sur un CV, deux métiers exercés simultanément, le slashing redéfinit le monde du travail et les normes traditionnelles, à la lumière de la polyvalence. « Le modèle traditionnel a été bouleversé par la crise sanitaire, ce qui nous oblige et nous incite à repenser le travail, notre façon de travailler et de contribuer à la société », a soutenu Martine Simon, adjointe à la direction des soins au Centre Léon Bérard (CLB) lors d’une conférence en mai dernier au Salon infirmier. Le paysage actuel encourage à favoriser la flexibilité, à faire plusieurs métiers pour maximiser ses compétences, augmenter ses revenus ou même tendre vers une autonomie professionnelle. « Les slasheurs embrassent la polyvalence comme mode de vie, éloigné d’une routine, a expliqué Martine Simon. La vocation est désormais une quête illusoire. » Et d’ajouter : « Les slasheurs sont des personnes avec une profonde soif de liberté, qui la revendiquent et l’expriment. Ils n’opposent pas les métiers mais les superposent. »

Des qualités nombreuses

De nombreuses entreprises sont encore réticentes à l’idée de recruter ce type de profil ou d’accorder à leurs collaborateurs la possibilité de devenir slasheurs. « Pourtant, leurs qualités sont nombreuses », a assuré Martine Simon. Facilité d’adaptation, capacité à s’organiser, envie d’apprendre, curiosité. Pour autant, ils doivent également savoir bien compartimenter les différentes activités qu’ils exercent, le temps accordé à chacune d’elles, et réussir à équilibrer leur vie professionnelle et personnelle.

Côté ressources humaines, les slasheurs impliquent également une certaine organisation. « Nous avons d’ailleurs longtemps été hésitants et frileux à entendre les demandes de nos collaborateurs, qui souhaitaient des temps partiels pour se consacrer à d’autres activités, a reconnu Martine Simon. Mais aujourd’hui, face à un enjeu d’attractivité et de fidélisation, nous avons souhaité nous adapter à ces requêtes de plus en plus nombreuses, afin de garder l’expertise de nos professionnels tout en répondant à leur souhait. » Désormais, l’établissement affiche des offres d’emploi en CDD ou CDI à temps partiel, de même que les collaborateurs en poste ont la possibilité de demander un travail à temps partiel pour convenance personnelle. « À première vue, le slashing peut être un irritant managérial mais en réalité, il répond à une recherche de sens de nos collaborateurs, à un maintien ou à l’amélioration de leur qualité de vie et conditions de travail », a-t-elle soutenu. Ainsi, une infirmière a par exemple demandé à exercer à 80 % pour dédier une partie de son temps au développement de son activité de pâtisserie. De son côté, Marie, infirmière de coordination, en poste depuis 7ans au CLB est également guide bénévole pour une athlète de triathlon atteinte de déficience visuelle. Cette dernière a l’opportunité de participer aux jeux olympiques de Paris 2024. L’IDE a donc demandé à sa direction un temps partiel, qui lui a été accordé, pour l’accompagner dans sa préparation.

Des points d’attention

Pour autant, cette organisation nécessite des points de vigilance. « Avec Marie, nous avons instauré un engagement réciproque, a expliqué Cécile Freulet, sa cadre de santé. Je me suis appuyée sur le service des ressources humaines pour la rédaction d’un avenant à son contrat de travail et nous nous sommes entendues sur ses jours de présence avec l’instauration d’un planning. Nous avons fait des concessions et je sais qu’elle sera présente pour les moments clefs dans la vie du service. » La cadre a toutefois rencontré des difficultés à recruter une personne expérimentée, acceptant un travail à mi-temps pour compenser l’absence de Marie. « Mais nous y sommes parvenues, et désormais tout se déroule pour le mieux car Marie l’a formée et elles utilisent des outils de transmission pour éviter la perte d’informations essentielles pour la prise en charge des patients », a indiqué Cécile Freulet.  Et d’ajouter : « Nous accordons le temps partiel à une personne dont nous savons que les motivations seront toujours présentes. Il faut l’esprit, le cœur et le corps. Pour Marie, son engagement sportif fait sa force donc lorsqu’elle m’a demandé d’adapter son temps de travail, je n’ai pas hésité longtemps. Je ne voulais pas la priver de cette expérience mais plutôt la soutenir et la fidéliser. » « Certes, il faut faire des compromis, mais nous avons tous à y gagner car les collaborateurs restent motivés et engagés », a complété Martine Simon. Au CLB, ces demandes sont accordées pour 1 an renouvelable. Mais « dès lors que l’équilibre fonctionne, pourquoi chercher à y mettre un terme ? », a-t-elle conclu.  

Laure Martin


Voir aussi l’article paru dans OSM n°299 : une note de cadrage pour la semaine de 4 jours p15

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue