La Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) a organisé le 28 avril un colloque sur l’accompagnement du changement des équipes de soins de premier recours. L’occasion pour les professionnels du secteur de faire part de leurs revendications.
Aborder la problématique de la réorganisation de l’offre de soins, non pas par le territoire, mais à partir des acteurs, c’est ce qu’a décidé de faire la FFMPS. Médecins généralistes, infirmiers, pharmaciens, etc. : « Une approche par l’aspect interindividuel qui est plus complexe », a souligné Pierre de Haas, président de la FFMPS.
A cette occasion, la présidente du Syndicat national des infirmiers et infirmières libérales (Sniil), Annick Touba, a pris soin de rappeler que les infirmiers doivent être considérés comme des acteurs de premier recours même si cette casquette n’a pas été entérinée dans la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) de juillet 2009. « Il est indispensable de se mettre autour d’une table et de discuter de ce que chacun est prêt à faire et à ne pas faire », estime-t-elle. Pour que les infirmiers soient intégrés aux équipes pluriprofessionnelles, « il faudrait former les professionnels à se parler. Nous croyons tout connaître les uns des autres, mais c’est faux ! Les médecins managent à leur manière et les infirmières ont des difficultés à sortir de leur culture de subordination. » D’après Annick Touba, il est nécessaire d’aborder la question des compétences et des métiers de chacun et de déterminer des projets communs à instaurer.
Outils
Le président de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, est également intervenu pour défendre la création des maisons et des pôles de santé car « cette organisation permet de maintenir les médecins dans les zones où ils ne veulent plus exercer seuls ». Néanmoins, il faut selon lui raisonner en tenant compte du pharmacien. La publication du décret du 5 avril dernier précisant les missions des pharmaciens d’officine correspondants va d’ailleurs permettre de renforcer l’équipe de prise en charge des patients chroniques « à une période où les médecins s’éloignent géographiquement d’eux et où le temps médical devient précieux ». « Le pharmacien doit être pris en compte comme un professionnel de santé à part entière, capable de répondre à de nombreuses questions, plaide-t-il. Il est le vecteur d’un lien social très important sur le territoire en délivrant aux patients des conseils gratuits, sans rendez-vous, lorsque les autres professionnels n’en ont pas forcément le temps. »
Pour mettre en place cette nouvelle organisation, Vincent Beaugrand, chef du bureau « premier recours » à la Direction général de l’offre de soins (DGOS ), a présenté les différents outils à disposition : le Schéma régional de l’offre de soins (Sros), les diagnostics qui doivent être faits sur le volet ambulatoire afin de définir des points d’implantation prioritaires via des actions coordonnées ou encore le financement des maisons de santé. Il a également évoqué l’instauration d’une plateforme d’appui aux professionnels de santé – guichet unique – afin de les accompagner, le plus en amont possible, de les informer sur le premier recours, les aider à l’installation, faire émerger des projets d’exercice coordonné ou encore les accompagner dans leur vie professionnelle.
Laure Martin