Surcharge pondérale : le réseau RNPC mise sur les infirmiers pour agir

Cette semaine, Pablo Font, infirmier, est en formation au sein du groupe Ethique et santé, détenteur de la franchise du programme de Rééducation nutritionnelle et psycho-comportementale (RNPC). Ancien infirmier coordinateur chez un prestataire de santé à domicile, puis cadre de santé en gériatrie, il a souhaité se reconvertir en ouvrant un centre RNPC. « En institution, la situation est aujourd’hui invivable, témoigne-t-il. On devient infirmier parce qu’on souhaite soigner les patients correctement, mais on se retrouve à ne plus pouvoir les soigner correctement en raison de l’état du système de santé. » C’est en cherchant des pistes pour une reconversion qu’il a découvert la franchise RNPC. « Leur méthode m’a plu car comme tous les infirmiers, je suis issu d’une formation scientifique, explique-t-il. Leur programme est basé sur des preuves scientifiques et me permet de rester dans le domaine de la santé. »

Depuis 2006, le réseau RNPC, qui a mis au point et développé une méthode de prise en charge de la surcharge pondérale, se déploie sur le territoire. Le programme, validé par un comité de pilotage scientifique et dont l’efficacité a été prouvée par des études cliniques indépendantes, est mis en œuvre au sein de 115 centres franchisés permettant la prise en charge, par des diététiciennes, de 110 000 personnes en surpoids ou en état d’obésité, orientées par leur médecin. « Nous proposons aux médecins une aide pour externaliser la prise en charge des patients en état d’obésité avec, bien souvent, des pathologies associées », explique Nicolas Delteil, responsable des opérations au sein du groupe Ethique et Santé. Lorsqu’un patient est pris en charge, « l’équipe du centre va régulièrement tenir informée le médecin de l’évolution de son suivi afin qu’il puisse adapter les traitements médicaux en conséquence et garantir sa sécurité », ajoute-t-il. Avant de débuter le programme, le patient doit aussi effectuer un bilan sanguin, permettant à la diététicienne de personnaliser la prise en charge.

Aujourd’hui, le réseau RNPC souhaite que des infirmiers s’engagent au sein de la franchise. « Au regard de la situation du système de santé et de la volonté de nombreux infirmiers de s’en extraire, nous souhaitons utiliser leurs connaissances et compétences pour la mise en œuvre de notre programme », reconnaît Nicolas Delteil. Et d’ajouter : « Les infirmiers ont l’habitude de travailler avec les médecins et détiennent des connaissances sur les pathologies. Ce travail dans nos centres est en totale adéquation avec leur formation initiale. »

Après avoir exercé en tant que salariée à l’hôpital et en entreprise puis s’être essayée au libéral, Marine Moudden n’a jamais trouvé un mode d’exercice qui lui convenait. En découvrant le programme RNPC, « j’y ai vu l’opportunité de me reconvertir en restant dans le soin, indique-t-elle, précisant avoir ouvert son centre en novembre 2022. Il s’agit d’un aspect du métier qui me plaît beaucoup car il se situe entre la technique, la recherche scientifique et le médical. » Et de poursuivre : « En tant qu’infirmière, j’ai une bonne connaissance des traitements, de leurs effets secondaires et j’ai une bonne lecture des bilans biologiques, je peux donc alerter les patients si besoin, ainsi que leur médecin. » Un aspect qui lui plait moins cependant : devoir démarcher les praticiens pour leur faire connaître le programme, même si le fait d’être infirmière présente un avantage certain.

Les franchisés sont accompagnés par le réseau pour la mise en place et le déploiement de leur activité. « Mais cela reste une création d’entreprise, avec des risques associés », prévient Nicolas Delteil. Le réseau souhaiterait cette année ouvrir une vingtaine de nouvelles franchises, avec un maximum d’infirmiers à leur tête. De son côté, Pablo Font ouvrira son centre au plus tard en avril, dans un local au sein d’un cabinet médical où exercent un médecin, des infirmiers, une sage-femme et un ostéopathe. « Nous allons pouvoir proposer une prise en charge holistique, et c’est tout ce que je souhaite pour les patients », conclut-il.

Laure Martin