La HAS a actualisé fin septembre les recommandations de bonnes pratiques concernant le surpoids et l’obésité. Chez l’adulte comme chez l’enfant, l’éducation thérapeutique est la clef d’une bonne prise en charge.
La Haute Autorité de santé (HAS) vient de publier des recommandations de bonnes pratiques concernant le dépistage et la prise en charge du surpoids et de l’obésité. Les deux textes concernent, l’un, l’adulte et l’autre, l’enfant et l’adolescent. Ni régime drastique, ni médicament, dans l’ensemble l’attitude du soignant devra plutôt être guidée par l’écoute, la transmission de connaissances et la stabilisation des situations. Avec bien sûr pour outils de premier recours : la reprise d’activité physique et l’amélioration du comportement alimentaire.
Pour le dépistage, le calcul de l’indice de masse corporelle (IMC) est toujours le principal instrument de diagnostic. « Chez l’enfant, il sera réalisé dès la naissance et deux à trois fois par an, précise Hélène Thibault, pédiatre au CHU du Bordeaux et présidente du groupe de travail enfants/adolescents. Il faut systématiquement compléter la courbe de corpulence, car il est impossible de distinguer à l’œil nu un rebond d’adiposité précoce. »
Le rôle des infirmières scolaires
La pédiatre a souligné l’importance du rôle des infirmières scolaires. « En l’absence de médecins scolaires, elles sont en charge des bilans de santé à réaliser à différents âges charnières. » Pour l’adulte, si l’IMC dépasse 25 kg/m2, la mesure du tour de taille permettra d’affiner l’évaluation et de préciser si le patient présente des risques de co-morbidités.
Pour tous, l’annonce du diagnostic devra être particulièrement réfléchie. « Il faut savoir utiliser les mots pour dédramatiser, déculpabiliser afin d’obtenir l’engagement du patient dans une démarche de prise en charge», Philippe Zerr, médecin généraliste à Levallois-Perret et président du groupe de travail adultes. Avec les enfants, les mots choisis comptent encore davantage. « On peut justement utiliser les courbes de corpulence pour leur montrer qu’ils s’écartent de la norme, sans utiliser les mots de surpoids ou d’obésité, mais il faut aussi s’adresser aux parents», note Hélène Thibault. Les tracés pourront permettre d’identifier le moment du décollage de la courbe standard et de le mettre en lien avec un événement déclencheur, un stress, un deuil…
Convaincre les parents
Valoriser l’enfant sur son physique peut être une autre stratégie : « On peut lui dire qu’il est beau et qu’il le sera encore plus s’il grimpe les escaliers quatre à quatre où s’il va davantage se balader à vélo», suggère Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d’obèses. Sans oublier, bien-sûr, qu’il faut emporter la pleine adhésion des parents préalablement à toute prise en charge. « Ne serait-ce que parce que ce sont eux qui font les courses et la cuisine, avec aussi des impératifs économiques», poursuit la représentante associative.
Enfin, côté prise en charge, les recommandations sont fortement marquées par les principes de l’éducation thérapeutique : transmission de connaissances et accompagnement au changement de comportement. La priorité est donnée à la reprise d’activité (2h30 par semaine pour l’adulte et 1h par jour pour l’enfant, a rappelé Philippe Zerr) et à l’amélioration de l’alimentation (selon les principes du programme national nutrition santé). Trois parcours de soins sont définis pour l’enfant et l’adolescent en fonction de la sévérité du surpoids et de co-morbidités associées.
Texte: Sandra Mignot
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