12/09/2008

Surveiller les yeux du diabétique

La surveillance et l’éducation du diabétique permettent un dépistage précoce de la rétinopathie afin d’intervenir dès les premiers signes.

Pour lutter contre la rétinopathie diabétique, première cause de cécité des personnes de moins de 50 ans et parmi les cinq premières causes de cécité légale (1) tous âges confondus, « le meilleur traitement reste la prévention », affirme Olivier Roche. Selon le praticien hospitalier, sollicité le 9 septembre dernier lors des entretiens de Bichat 2008 (2), l’équilibre du diabète notamment « est un élément important ». En effet, « un bon équilibre réduit de 76 % l’incidence de la rétinopathie diabétique et de 54 % sa progression si elle était déjà présente »… Malgré le progrès des thérapeutiques médicales, les traitements ne sont jamais anodins. Une surveillance adaptée permet d’anticiper les éventuels problèmes. À quel rythme surveiller les yeux d’un diabétique ? Dès la découverte de la maladie, un bilan ophtalmologique (avec fond d’œil) s’impose. Le type de diabète conditionne toutefois la surveillance. Pour le diabète de type 1, une visite ophtalmique annuelle est recommandée les cinq premières années. Certes, la date de début d’un type 1 est souvent connue avec précision et la rétinopathie ne surviendra en moyenne qu’après 7 ans d’évolution(3). Cependant, certains diabètes de type 1 évoluent pendant quelques années avant leur dépistage, avec l’apparition d’une rétinopathie dans les trois années suivant le diagnostic. Ce phénomène justifie donc le bilan ophtalmique annuel. L’examen permet aussi de sensibiliser et d’éduquer le patient. Il ne concerne pas l’enfant de moins de 10 ans car la rétinopathie diabétique ne survient jamais avant cet âge. Dans les formes de type 2, une visite dès le diagnostic s’impose également. Une rétinopathie diabétique est déjà présente à ce stade chez 20 % des patients. Si Olivier Roche recommande ensuite également une visite annuelle, cette fréquence pourra être modifiée à tout moment, en fonction des examens ou selon l’évolution de la maladie. Sur le plan général, certains événements métaboliques importants influent sur la rétinopathie et sur la composante œdémateuse directement liée à l’équilibre visuel : grossesse, hypertension artérielle, déséquilibre du diabète, correction trop rapide d’un diabète déséquilibré, chirurgie de la cataracte… Quel que soit le type de diabète, un contrôle annuel du fond d’œil est impératif, la fréquence étant ensuite adaptée en fonction de l’évolution clinique de la rétinopathie diabétique.

Alain Tronchot

1- On parle de « cécité légale » si la législation dont dépend le malade prévoit une aide en sa faveur.

2- Le praticien hospitalier rattaché au service d’ophtalmologie de l’hôpital Necker-enfants malades (AP-HP) s’exprimait lors d’une conférence consacrée à la surveillance ophtalmologique du patient diabétique.

3- Après 20 ans de diabète, 90 % des patients seront atteints de rétinopathie, dont 30 % de forme proliférante.

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