Syndicats d’Idels : le Saiil met les voiles

Le syndicalisme libéral, combien de divisions ? C’est la question qu’on peut se poser après l’annonce faite la semaine dernière par le Saiil : cette ancienne branche locale de la FNI dans le Nord, qui avait il y a un an fait sécession de la maison-mère, a en effet rendu publique le 19 octobre son ambition de rassembler la profession sur l’ensemble du territoire français. Voilà qui porte à six le nombre de syndicats d’Idels ayant une vocation nationale*. Mais loin d’estimer ajouter de la division à la division, la nouvelle organisation prône au contraire une certaine unité dans la diversité.

« On peut être différents les uns des autres et œuvrer chacun pour le progrès de la profession », prône Caroline Dewas, présidente du jeune syndicat. Celle-ci explique tout simplement qu’après avoir monté, à l’issue de son départ de la FNI, ce qu’elle estime être « un supersite d’information pour les Idels », il semblait dommage au Saiil de ne pas en faire profiter l’ensemble des infirmières et infirmiers libéraux. Elle estime par ailleurs qu’elle entend porter une vision différente de l’avenir de la profession, critiquant ce qu’elle estime être « un manque de vision prospective pour la profession » de la part des autres organisations.

Caroline Dewas annonce ainsi vouloir se battre pour une meilleure reconnaissance du métier d’Idel, avec notamment l’accès direct, ainsi que pour une « consultation infirmière au sens large ». Son ambition ? « Que l’infirmière soit utilisée à bon escient et dans la complétude de ses possibilités », précise-t-elle. Des objectifs qu’elle estime peu à même d’être poursuivis par les syndicats existants, à commencer par celui pour lequel elle a milité pendant des années. « Je pense que la FNI est désormais dans une pratique d’accord à tout prix avec l’Assurance maladie, et que cela nous est défavorable, tacle-t-elle. L’avenant 6 en est un exemple flagrant, et cela a été un élément déclencheur de notre décision de partir. »

Reste que du côté de la FNI, on ne l’entend pas du tout de cette oreille. « Je trouve cela pathétique, souffle Daniel Guillerm, président du syndicat majoritaire chez les Idels. Je note par ailleurs qu’il y a comme une discordance entre l’ambition affichée par le Saiil, qui espère fédérer la profession, et la communication actuelle de Me Dewas, qui tire à boulets rouges sur tout ce qui bouge. »

Daniel Guillerm ne se montre d’ailleurs pas très inquiet face à l’émergence du Saiil. « Dans le Nord, nous avons reconstruit un syndicat et la majorité des adhérents sont restés à la FNI », précise-t-il. Et il est vrai que les chiffres avancés par Caroline Dewas ne sont (pour l’instant) pas très impressionnants. « Nous avons une centaine d’adhérents au niveau local, et depuis que nous avons décidé de nous faire connaître au niveau national, nous avons eu une dizaine d’adhésions en dehors du département. »

Mais ces résultats pour l’instant modestes n’empêchent pas la Nordiste d’avoir de grandes ambitions. « Nous avançons doucement, par le bouche-à-oreille, et nous pensons qu’en découvrant les services que nous offrons sur notre site, les infirmiers nous connaîtront mieux », prédit la présidente du Saiil. Sa ligne d’horizon ? Les prochaines élections professionnelles, à l’issue desquelles elle espère que le nouveau syndicat sera déclaré représentatif. « Nous avons cinq ans pour nous faire connaître », déclare Caroline Dewas.

Adrien Renaud

* Trois de ces syndicats sont jugés représentatifs par le ministère de la Santé : la FNI, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) et Convergence infirmière (CI). Les trois autres sont l’Organisation nationale des infirmiers libéraux (Onsil), Infinidels, et donc, désormais, le Saiil.

Plus d’informations sur les services proposés par le Saiil sur le site Internet https://saiil.fr/