Soutenu par une grande partie des médecins, le personnel de ce grand hôpital parisien réclame des embauches supplémentaires. La direction répond qu'elle ne parvient pas à recruter.
« L’hôpital Tenon est chroniquement sous-doté en personnel infirmier. A ce jour, 58 postes ne sont pas pourvus sur les 600 disponibles. Le dispositif interne de suppléance se limite à neuf infirmiers, la plupart des membres de l’équipe ayant quitté leur poste depuis un an. » Ainsi commence l’appel lancé la semaine dernière par les médecins de l’hôpital Tenon (Paris 20e), dont le personnel est en grève depuis le 23 septembre pour réclamer de meilleures conditions de travail. La pétition aurait déjà été signée par environ 150 médecins sur les 400 que compte l’hôpital, internes compris.
Parmi eux, « beaucoup de chefs de service », assure Patrice Lardeux, délégué CGT. Car la pénurie d’infirmiers affecte tout le fonctionnement de l’établissement. Alors que la direction du personnel avait pris l’habitude de recourir à des infirmiers intérimaires, les financements ont été brutalement coupés en août dernier. Depuis, de nombreux lits ont fermé, mais Tenon reste engorgé. Le samedi 2 octobre, le personnel des urgences a même été contraint de rediriger une soixantaine de patients vers d’autres hôpitaux parisiens. Même dans les autres services, le problème de sous-effectif devient préoccupant. « En oncologie, où je travaille, il y a des protocoles de chimiothérapie très pointus à suivre, note Patrice Lardeux. Eh bien pour une vingtaine de malades, dont sept ou huit en soins palliatifs, il n’y a que deux infirmières ! C’est bien trop peu. »
Recruter à la sortie de l’Ifsi
La direction de l’hôpital ne propose comme solution que d’attendre le recrutement des étudiantes infirmières à leur sortie d’école ou de demander de l’aide aux infirmières de suppléance des hôpitaux voisins. Le 13 octobre dernier, après une rencontre avec les syndicats, le directeur de l’hôpital, Roland Gonin, s’est engagé à recruter « 33 IDE qui ont donné leur accord pour une prise de poste à Tenon et dont les dossiers sont en cours d’instruction ». Il a également promis de recruter 10 IDE supplémentaires « pour stabiliser et renforcer l’équipe de suppléance ». Après plusieurs séances de négociations, la direction s’est par ailleurs engagée à créer 13 postes d’aides-soignantes.
Mais ce que demandent les représentants du personnel, c’est davantage d’infirmières titulaires. « Ces 33 promesses d’embauche de jeunes diplômées ne sont pas suffisantes, remarque Patrice Lardeux. Déjà, elles ne seront pas pleinement opérationnelles avant janvier prochain. Ensuite, s’il y a aujourd’hui 58 postes vacants, on sait que beaucoup d’autres infirmières vont partir bientôt. »
Ce à quoi la direction de l’hôpital répond qu’elle ne parvient pas à recruter. D’après la CGT, de nombreux professionnels ne restent en effet pas plus d’un an ou deux à Tenon en raison d’une organisation du travail contraignante. « Les infirmières changent de salle dans la journée, elles ne peuvent pas suivre correctement les patients. Elles sont bousculées en permanence, ça leur casse le moral de ne pas pouvoir travailler en équipe. » Le personnel n’envisage pour l’instant pas de lever la grève.
Hélène Gérardin