TIC, mode d'emploi

De la simple mailing-list à la télésanté, en passant par les forums de discussion en ligne et les jeux de simulation - surtout utilisés en formation, les applications que proposent les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont nombreuses. La communauté soignante est partie prenante de ces innovations.

Ainsi, au centre de dialyse Calydial (Rhône-Alpes), l’équipe a expérimenté un suivi des patients à domicile via des tablettes tactiles. Les patients renseignaient eux-mêmes les données requises par le protocole élaboré; elles étaient ensuite traitées et analysées dans l’établissement par les infirmières. « Même s’il est difficile d’obtenir des résultats statistiquement significatifs, nous avons vu une amélioration de la tension et une diminution des événements porteurs de risques », note Jean-Pierre Grangier, cadre infirmier. Le protocole comprenait un arbre de décision précisant les réponses à apporter aux différents types d’alerte, auxquelles l’équipe était organisée pour apporter une réponse rapide : ajustement d’un traitement, émission de messages de prévention, alerte du médecin, etc.

Cohésion des équipes

Au centre hospitalier Alès-Cévennes, richement équipé sur le plan des TIC, une recherche de Christophe Biondini, cadre assistant de pôle, a suggéré que l’adhésion au système d’intranet/internet - baptisé « Architecture portail » – allait de paire avec une meilleure cohésion des équipes d’IDE. « Tous les services sont censés utiliser ce système, où l’on trouve les données utiles au travail quotidien de chacun, mais aussi des informations globales sur l’établissement. Mais, c’est là où il est le mieux maîtrisé que la cohésion mesurée est la plus forte. »

Tous les intervenants se sont accordés sur un facteur de succès essentiel : l’adéquation de la technologie utilisée avec les besoins du patient et ceux du soignant. « Il faut toujours se demander comment on va pouvoir s’en servir et ce que le patient pourra en retirer », résume Christophe Biondini. À quoi bon proposer des ordinateurs dans toutes les chambres de pédiatrie si leur stérilisation régulière est impossible ou que le filtrage des sites internet pour les enfants n’est pas disponible ?

« L’interactivité entre professionnels et patients est également indispensable, a remarqué Jean-Pierre Grangier. Sinon, le patient se désintéresse de l’outil. » Dans son établissement, un numéro d’appel spécifique était dédié aux patients munis de tablettes tactiles, pour faciliter la relation patient-soignant.

Un rôle de coordination pour l'infirmière

Surtout, les technologies de l’information nécessitent une redéfinition des rôles de chacun dans l’organisation. « L’infirmière a pris une place prépondérante, avec un rôle de coordonnatrice du parcours de soin et une nécessaire extension de ses connaissances à de la pluripathologie. » Enfin, l’acceptabilité des technologies proposées sera facilitée par des sessions de formation et, surtout, l’ergonomie des applications. « À Alès, ce sont aussi les équipes les mieux formées à notre dispositif qui montrent la meilleure cohésion », a conclu Christophe Biondini.

Le tout devant être entrepris dans le plus pur respect de la confidentialité médicale. « Ce qui n’est pas garanti par les types de connexion internet non sécurisées, que beaucoup de professionnels de santé utilisent actuellement », a tenu à avertir Pierre Desmarais, avocat en droit de la santé.

Sandra Mignot