Toxicomanie: faut-il créer des «salles de shoot»?

23/12/2009

Toxicomanie: faut-il créer des «salles de shoot»?

L’idée d'ouvrir des lieux permettant la consommation encadrée de drogues, mise à l'étude à Paris, fait débat.

Ces derniers jours, le Conseil de Paris puis le conseil régional d'Île-de-France ont voté des subventions (1) pour expertiser, en vue d’une éventuelle mise en place, des « salles d'injection à moindre risque » où les toxicomanes pourraient consommer de la drogue sous une vigilance soignante. L'idée a été soulevée par le socialiste Jean-Marie Le Guen: « Ces salles permettraient de garantir aux consommateurs de drogues une sécurité sanitaire et sociale mais aussi de les réinsérer, d’être plus près d’eux, de les aider à décrocher en entrant dans ces structures de soin », a déclaré le député médecin. L’expérience n’est pas nouvelle. On compte déjà 80 «salles de shoot» dans le monde, dont 31 aux Pays-Bas, 20 en Allemagne, 17 en Suisse et trois en Espagne.

«D'autres dispositifs existent»

Ce projet a soulevé des réaction positives comme de vives critiques. Gaëlle Baumard, faisant fonction de cadre dans l'équipe de coordination et d'intervention auprès des malades usagers de drogues (Ecimud) de l'hôpital Bichat (Paris), craint que ces salles induisent une confusion entre le soin et la consommation, pour les toxicomanes. « Au niveau social existent les centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues (Caarud), des lieux de consommation et de prévention dans lesquels du matériel d'injection de type Steribox® est à la disposition des consommateurs actifs. Et en matière de soin, il y a les centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa). Les toxicomanes ont repéré ces structures qui fonctionnent bien ensemble », dit-elle.

«Trouver des alternatives»

Aymeric Reyre, psychiatre à l’hôpital Avicenne (Bobigny, 93), se dit, lui, plutôt favorable à ces salles. «  Les Caarud sont très proches  : ils donnent le matériel et des conseils aux usagers mais ils ne vont pas jusqu’à autoriser l’injection. Du coup le toxicomane prend le matériel et va se shooter dans le square le plus proche. Il faut mettre en place la plus grande offre possible pour les toxicomanes qui n’accèdent pas aux soins. En effet, une partie des toxicomanes ne passe pas par les soins. Il faut trouver les meilleures alternatives possibles pour eux.» «Par contre, poursuit-il, il ne faudrait pas que ces salles de shoot soient en concurrence avec les soins. Elles devraient logiquement dépendre des Caarud. Ce serait absurde de créer un nouveau type de structures. Je pense qu’il faut réfléchir à la toxicomanie en termes de santé publique, et non exclusivement dans une optique médicale. Or le social est aussi une réponse à la prise en charge de la toxicomanie.»

Carole Ivaldi

1- 26 000 euros pour la Mairie de Paris, 20 000 pour le conseil régional.

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