Chaque année, 150 000 personnes ne bénéficient pas de cette prise en charge, alors qu’elles en auraient besoin. La Sfap fait plusieurs propositions pour en améliorer l’accès.
Samedi 13 octobre, la Journée mondiale des soins palliatifs a mis l’accent sur la prise en charge des personnes âgées. En France, si les soins palliatifs ont enregistré des progrès ces dernières années - 27 unités ont été créées depuis 2008 -, beaucoup reste à faire. « Une personne sur deux qui aurait besoin de cette prise en charge n’en bénéficie pas; cela représente 150 000 personnes par an. Et 70 % des lits sont concentrés sur cinq régions », a indiqué le Dr Vincent Morel, président de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), à l’occasion d’une conférence de presse. En plein débat sur les conditions de la fin de vie et à quelques semaines de la remise du rapport de la mission Sicard sur le sujet, la Sfap, qui regroupe des professionnels de santé et des bénévoles, souhaite apporter sa contribution, « forte de son expérience de terrain », tout en soulignant que, pour elle, l’euthanasie est « une question de société et pas une question médicale. Il serait paradoxal que l’euthanasie finisse par s’imposer du fait d’un accès insuffisant aux soins palliatifs, à des professionnels compétents, et d’une méconnaissance de la loi. »
Compétences élargies pour les infirmiers
Dans ce contexte, la Sfap recommande tout d’abord que les soins palliatifs soient mis en place le plus précocement possible. « Nombre des patients n’ont accès aux soins palliatifs que la dernière semaine de vie. Dès lors, comment les accompagner lorsque les équipes spécialisées sont appelées aussi tard ? », interroge le Dr Vincent Morel, qui propose également que le recours aux soins palliatifs soit évoqué dès l’annonce d’une maladie grave. S’agissant des personnes âgées, le médecin estime que leur prise en charge doit être une priorité, « afin de s’assurer que nos aînés vont mourir sans souffrir et accompagnés ». D’ici cinq ans, ajoute-t-il, il faut d’ailleurs que chaque personne puisse accéder aux soins palliatifs, quels que soient son âge, sa pathologie et son lieu de vie.
Côté formation des professionnels, la Sfap déplore que moins de trois médecins sur 100 aient reçu une formation spécifique et que la Loi Leonetti demeure, sept ans après son adoption, insuffisamment connue et appliquée. Un texte qui, selon lui, peut être amélioré. Le Dr Vincent Morel préconise, notamment, que les directives anticipées puissent être, par exemple, inscrites sur la carte vitale et que les infirmiers, « pivots de la prise en charge et très proches des malades », aient, au même titre que les médecins et les patients, la possibilité de déclencher la procédure collégiale qui vise à interrompre ou non un traitement.
Droit à l’antalgie
Concernant le financement des soins palliatifs, le Sfap s’inquiète que les budgets alloués aux réseaux soient en baisse alors que les besoins ne sont pas couverts. Elle souhaite, par ailleurs, que ces moyens soient mieux fléchés pour s’assurer que les fonds attribués aux soins palliatifs ne soient pas utilisés pour d’autres projets. Enfin, la SFAP plaide pour un « droit à l’antalgie », afin que les patients puissent exiger d’être soulagés lorsqu’ils jugent leur douleur insupportable.
Françoise Vlaemÿnck