En 3e année à l'Ifsi de Dax, William Capitani défendra les couleurs de la France, fin juillet, en Afrique du Sud, dans une compétition qui rassemble les sportifs ayant subi une greffe d'organe.
Il a beaucoup de choses à dire, William Capitani. Ca se voit et ça s’entend. « Je n’ai aucun mal à raconter mon histoire. Avec le temps, j’ai appris à mettre des mots sur ce que j’ai vécu. » La vie de ce jeune Amiénois de 28 ans a basculé en 2007, quand les médecins lui ont diagnostiqué un problème aux reins, le syndrome de Dent. « L’annonce a été terrible, j’ai pensé au pire, à la mort. »
Mais William est un battant. « J’ai accepté la maladie, c’était un premier pas. » Quand il a fallu commencer les séances de dialyse en septembre 2007, William a décidé de mettre entre parenthèses sa formation en soins infirmiers, qu’il suivait jusque-là à Dax. « J’étais trop épuisé physiquement pour suivre correctement les cours. »
Janvier 2008, arrive ce que William craignait : la greffe. « Il n’y avait pas d’autre choix, la dialyse ne suffisait plus, c’était le passage obligé si je voulais me sortir de ce fichu truc. » L’opération se passe bien. Aucun contrecoup. Le voilà donc qui reprend les études là où il les avait laissées : il est aujourd’hui en troisième année, toujours à l'Ifsi de Dax. Le sourire qu’il vous offre vous rassure sur un point : « Le plus dur est derrière moi. J’ai retrouvé 90 % de mes moyens. »
« J’espère que mon donneur est fier de moi »
Il y a donc bel et bien une vie après une greffe, et William en est le parfait exemple. Il s’est remis à faire du sport, « presque comme si rien ne s’était passé ». Et c’est vrai qu’à le voir courir sur les routes de la campagne picarde, il respire la vie. Il est même membre d’une équipe de France un peu spéciale : celle des transplantés. « Pour en faire partie, il faut avoir été greffé d’un organe, se marre le bonhomme. Le cœur, la moelle osseuse, le foie… on accepte tout ! »
Toute cette bande de « revanchards de la vie », comme dit joliment William, va, d’ailleurs, défendre les couleurs de la France du 28 juillet au 4 août, à Durban, en Afrique du Sud, lors des Mondiaux des transplantés. Notre futur infirmier s’aligne sur plusieurs épreuves : le tennis, le badminton, le 5 km et le 100 mètres. « Ce sont un peu nos Jeux olympiques à nous ! » A cette différence près : ces champions-là sont surveillés en permanence par les médecins. « Avec la greffe, c’est vrai que je dois faire plus attention, je me fie à ma petite musique interne, j’écoute ma respiration et je m’adapte. Quand je sens que je fatigue, je ralentis. »
Promouvoir le don d’organe
Au-delà des épreuves sportives, il s’agit aussi de « sensibiliser le grand public à la réussite de la transplantation et à la nécessité du don d’organes, en mettant en avant des athlètes greffés », explique l’organisation. William confesse penser souvent à son donneur. « Ça me fait avancer quand j’ai un coup de moins bien. J’aimerais tellement le remercier. Il m’a sauvé la vie, je lui dois tout. » Il marque une pause, puis reprend : « J’espère qu’il est fier de moi. »
Raphaël Godet