Infirmière, actuellement en Master de pratique avancée et patiente-experte addictions, Sandra Pinel sort le 19 octobre, Journal d’une polyaddict libérée, des conseils et des outils précieux pour vous libérer de vos addictions. Avec cet ouvrage, elle entend partager son expérience d’ancienne addicte, donner des clefs aux patients, aux aidants et aux soignants, et accompagner « ceux qui veulent vivre plus librement ».
Sandra Pinel – Il y a trois ans, j’avais déjà entamé la rédaction d’un « témoignage » de mon histoire, car je voulais partager mon expérience, la façon dont on peut tomber dans les addictions et se rétablir. Puis, après avoir été contactée par une conseillère d’édition, j’ai souhaité aller plus loin, partager ce que j’ai pu apprendre au travers de mes addictions, mais aussi de mon cursus, de mon diplôme universitaire d’addictologie que j’ai suivi en 2018, de ma certification patient-expert addictions, de mon expérience professionnelle et de mon travail avec mes pairs.
Votre ouvrage est donc organisé autour de trois parties…Sandra Pinel – Effectivement, la première partie est consacrée à mon témoignage, à mon histoire, à l’addiction de mon père qui m’a conduite à mes addictions, au fait que j’ai souhaité devenir infirmière pour le guérir. Les témoignages sont importants pour les autres, pour une éventuelle identification.
La deuxième partie est dédiée aux explications concernant les addictions afin que tout le monde puisse en comprendre les mécanismes. Je détaille celle avec et sans substances, donne les clefs pour savoir si une consommation peut être considérée comme problématique, j’aborde la réduction des risques et des dommages de l’alcool, du cannabis ou encore de la cocaïne.
Enfin, dans la troisième partie, je partage des outils afin de permettre aux personnes concernées de développer des stratégies d’autosoins et retrouver du pouvoir d’agir sur leur vie. Ce sont les mêmes outils que nous pouvons proposer dans les centres de soin, mais accessibles sur papier. Car lorsqu’on souhaite se faire aider en addictologie, c’est souvent le parcours du combattant. En tant que patient, on ne sait pas ce qui existe, on peut avoir mal noté ou mal compris les informations, avoir perdu le papier. Je voulais donc proposer un livre « ressource » où toutes les informations sont accessibles au même endroit afin d’éviter toute déperdition.
Votre livre s’adresse-t-il donc uniquement aux patients ?Sandra Pinel – Non, mon ouvrage est vraiment tout public. Si des personnes s’interrogent sur leur consommation, ils peuvent trouver dans ce livre des éléments pour éviter de glisser dans la dépendance. J’ai aussi beaucoup pensé aux proches aidants. J’ai moi-même été l’aidante de mon père, et on est souvent démuni face aux personnes dont nous nous occupons. Les forums ne sont pas toujours adaptés aux besoins des aidants. Dans le cadre de ma pratique professionnelle, j’observe de plus en plus de proches aidants venant demander de l’aide. Je souhaite qu’ils aient accès à des conseils.
Enfin, j’entends aussi sensibiliser les soignants. D’ailleurs, dans le cadre de mon master IPA, mon travail de recherche porte sur l’impact de mon livre dans les lieux de soins et auprès des professionnels de santé.
D’où viennent tous les conseils que vous prodiguez ?Sandra Pinel – Lorsque j’ai commencé mon DU en addictologie, j’étais administratrice d’un groupe Facebook sur le sujet, et j’ai également créé un groupe d’apprentissage social avec du contenu théorique que j’ai vulgarisé. Mon livre, c’est l’ensemble de ce travail que je mène depuis cinq ans. Tout le monde garde jalousement ces outils. Je suis dans la démarche inverse. Je souhaite les partager. D’ailleurs, dans mon livre, il y a deux QR codes que les lecteurs peuvent scanner pour accéder aux ressources dont je parle, sur un site internet que j’ai créé spécifiquement, toujours dans ce but de partager au maximum les outils et les solutions.
Sandra Pinel – Journal d’une polyaddict libérée, des conseils et des outils précieux pour vous libérer de vos addictions – Septembre 2023 – Editions Eyrolles – 17 euros – 221 pages.